«Labélisation» des médias en France : l’Élysée s’en prend à CNews et provoque un tollé

«Labélisation» des médias en France : l’Élysée s’en prend à CNews et provoque un tollé© Mustafa Yalcin/Anadolu Source: Gettyimages.ru
Le président français Emmanuel Macron. [Photo d'illustration]
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Après les propos d’Emmanuel Macron sur une possible «labélisation» des sites d’informations par «des professionnels», l’Élysée a publié une vidéo pointant CNews, chaîne d’information réputée pour son ton critique à l’égard du pouvoir. Une initiative dénoncée de toutes parts, accusée d’ouvrir la voie à un contrôle du paysage médiatique français.

Après les médias russes et la chaîne C8, serait-ce au tour des médias du groupe Bolloré de se retrouver dans le collimateur de la macronie en France ?

Le 1er décembre, en fin de journée, l’Élysée a publié sur ses réseaux sociaux une courte vidéo reprenant des propos — estampillés « attention : fausse information » — de Pascal Praud, journaliste vedette de CNews, ainsi que de l’ancien ministre de Jacques Chirac et fondateur du Puy du Fou, Philippe de Villiers, critiquant la volonté d’Emmanuel Macron de créer une labélisation des médias en France.

Apparaissant également dans cette vidéo du pouvoir : le maire Les Républicains (LR) de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, et même l’ancien ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, eux aussi critiques de cette mesure à laquelle songe le président français.

« Ce n’est plus une dérive, mais un naufrage »

« Le ministère de la Vérité, piqué au vif, vient d’administrer sa première réponse à la liberté d’expression », a répondu directement sous la vidéo postée par les services de la présidence française Philippe de Villiers. « Après avoir détruit l’image présidentielle, Emmanuel Macron utilise le compte de l’Élysée, moyen de l’État, pour attaquer des médias. Ce n’est plus une dérive, mais un naufrage », a fustigé le député RN et ancien journaliste Guillaume Bigot.

« Beau but contre son camp pour Emmanuel Macron », a commenté Éric Zemmour. « On comprend très clairement qui l’Élysée cible dans sa volonté de contrôle de l’information. Nous ne nous laisserons pas bâillonner », a assuré le président de Reconquête ! et ancien candidat à la présidentielle. « Emmanuel Macron découvre Staline », a asséné la députée européenne Sarah Knafo. « Le macronisme est né dans la traîtrise socialiste, il finit en agonie soviétique », a commenté dans la même veine le député RN Jean-Philippe Tanguy.

« La dérive illibérale est absolue », a fustigé l’ancien patron des LR et président de l’Union des droites pour la République (UDR), Éric Ciotti, également sous le post de l’Élysée, évoquant un « scandale d’État ». « L’Élysée s’attaque ouvertement aux médias privés du groupe Bolloré », a-t-il dénoncé, fustigeant une mesure qui « embrasse les politiques de régimes autoritaires étrangers à la liberté française ».

« C’est une dérive inquiétante », avait déclaré plus tôt dans la journée son successeur à la tête des LR : l’ancien ministre Bruno Retailleau. « Nul gouvernement n’a à trier les médias, ni à dicter la vérité. Nul gouvernement n’a besoin d’un ministère de la Vérité », a-t-il notamment ajouté dans ce message – lui aussi – sous l’inscription « attention : fausse information » dans la vidéo de l’Élysée.

Au-delà de ces politiques, plusieurs journalistes ont également fait part de leur indignation. « Rien ne nous aura été épargné. Ni la peste, ni le choléra », a pour sa part réagi la journaliste Aude Lancelin. « Quel enfer », a déclaré sur X le journaliste Laurent Obertone, assurant que « personne n’est moins libre et plus dogmatique que “les journalistes français” », pointant du doigt des individus n’ayant « aucun recul sur eux-mêmes » et sortant d’école « persuadés qu’ils doivent rééduquer le peuple pour son bien, par tous les moyens… ». « L’Élysée a perdu tout sens commun », peut-on encore lire sur le compte X de Jean-Dominique Merchet.

Plusieurs titres de presse se sont également dressés contre cette « vraie mauvaise idée d’Emmanuel Macron », à l’instar de Marianne, ou encore du Point qui titre également sur cette « très mauvaise idée » du président français.

« Il n’est pas du tout question de créer un ministère »

Emmanuel Macron a assuré n'avoir « jamais » évoqué de « label d'État » ni de « ministère de la Vérité », a déclaré ce 2 décembre la porte-parole du gouvernement français, Maud Bregeon, à l’issue du Conseil des ministres. « Il y a des initiatives prises par la presse, portées notamment dans les États généraux de l'information », mais « non, le gouvernement ne va pas créer tel ou tel label destiné à la presse », a-t-elle insisté.

« Je pense que c’est important qu’il y ait une labélisation faite par des professionnels », peut-on voir Emmanuel Macron déclarer dans un extrait de la vidéo publiée la veille par l’Élysée, renvoyant à une séquence de mi-novembre à Arras. Une tâche qui, selon le Journal du Dimanche, pourrait être confiée à l’ONG Reporter sans Frontières (RSF), qui fut notamment soutenu par l’Open Society du milliardaire Georges Soros. RSF accuse régulièrement la chaîne d’information CNews de parti pris et de manque de pluralisme à l’antenne.

Sur Europe 1, peu avant la parution de la vidéo de l’Élysée, Pascal Praud a dénoncé « une alliance objective entre Emmanuel Macron et les médias de gauche pour cibler ceux qui ne pensent pas comme eux » à la suite d’une publication du HuffPost prenant la défense du président français. Le média, détenu par le groupe Le Monde, joue sur les mots employés par les détracteurs d’une « labélisation » des médias qui dressent un parallèle avec le roman d’Orwell 1984.

« Il n’est pas du tout question de créer un ministère », peut-on ainsi lire dans cet article qui vante les mérites « des initiatives lancées par des organismes tels que Reporters sans frontières avec la Journalism Trust Initiative, JTI », « certification ISO » qui « valorise les entités qui respectent les standards du journalisme ».

Début juin, en amont de la conférence de l’ONU sur les océans qui s’ouvrait à Nice, le président français avait déjà suscité la polémique, en s’en prenant lors d’un long entretien avec la presse régionale à ceux qui, selon lui, « préfèrent brainwasher sur l’invasion du pays et les derniers faits divers », au grand dam du « combat pour le climat ». Des thématiques traitées par CNews qui, avec 4 % d’audimat au mois d’octobre selon les chiffres de Médiamétrie, s’affirme comme cinquième chaîne nationale et première chaîne d’information en France devant BFMTV (3,2 %), LCI (2,3 %) et Franceinfo (1,1 %).

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