« Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle » : Nicolas Sarkozy réagit à sa condamnation dans une interview pour le JDD

Condamné à cinq ans de prison avec mandat de dépôt dans l’affaire du financement libyen, Nicolas Sarkozy rompt le silence dans les colonnes du Journal du Dimanche. Il dénonce une décision « aussi injuste qu’infamante », affirme être victime d’un complot judiciaire et jure de se battre jusqu’au bout pour faire reconnaître son innocence.
Nicolas Sarkozy, condamné le 25 septembre 2025 à cinq ans de prison avec mandat de dépôt pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen, s’est exprimé publiquement pour la première fois dans les colonnes du Journal du Dimanche le 28 septembre. Il y rejette vigoureusement ce verdict de culpabilité, se dit serein et promet de se battre « jusqu’à son dernier souffle pour faire reconnaître son honnêteté ».
L’ancien président dénonce une condamnation « injuste », rendue alors que le tribunal a reconnu, selon lui, que « toute l’accusation s’est effondrée ». « Il n’y a plus d’argent libyen dans ma campagne. Ce n’était qu’un mensonge, une calomnie », affirme-t-il au JDD. Il insiste aussi sur le caractère « faux » du document publié en 2012 par Mediapart, à l’origine de l’enquête, un point confirmé par les juges qui parlent d’un document « probablement faux ». À partir de là, Sarkozy affirme qu’il s’agirait d’« un complot ».
Il conteste avec force la base de sa condamnation : l’« association de malfaiteurs » serait selon lui une hypothèse tardive, ajoutée « in extremis par les juges d’instruction » alors que le reste du dossier s’effondrait. « Je suis condamné parce que le tribunal estime possible, sans pouvoir le prouver, que deux de mes collaborateurs auraient pu songer à demander un financement illégal. Et que je ne pouvais l’ignorer », résume-t-il, dénonçant une logique « incohérente » et « contraire au simple bon sens ».
« Volonté d’humiliation » et exécution provisoire critiquée
Nicolas Sarkozy critique également avec virulence la décision d’exécution provisoire, qui le rend incarcérable immédiatement, malgré son appel. « Toutes les limites de l'État de droit ont été violées », déclare-t-il dans Le Journal du Dimanche. Il déplore n’avoir pu plaider contre cette mesure, que même le Parquet national financier n’avait pas requise. « Aucun élément ne la justifie. Il y a juste la volonté d’humiliation », martèle-t-il. Il rejette toute fuite ou récidive, précisant : « S’ils veulent mon passeport, qu’ils le prennent ».
Dans son entretien, il confie être surtout touché par la douleur de ses proches. « Je suis serein, mais la seule chose qui m’affecte, c’est la souffrance de ma famille ». Il dit avoir reçu des milliers de messages de soutien, y compris de la part du président Emmanuel Macron, du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur. Il rapporte aussi avoir été applaudi dans un restaurant le lendemain de sa condamnation, y voyant un signe de « sidération collective » face à la justice.
Interrogé sur une éventuelle grâce présidentielle, l’ancien chef de l’État est catégorique : « En aucun cas. Pour être gracié, il faut accepter sa peine. Je ne reconnaîtrai jamais ma culpabilité pour quelque chose que je n’ai pas fait. » Il ajoute : « Je vaincrai ».
Libye, justice et État de droit : une ligne de défense assumée
Sarkozy revient aussi sur le contexte géopolitique de ses relations avec la Libye, rappelant que tous les chefs d’État occidentaux, y compris Jacques Chirac, avaient rencontré Mouammar Kadhafi avant lui. Il affirme que sa visite en Libye en tant que ministre de l’Intérieur visait à coopérer sur les flux migratoires. Concernant l’intervention militaire de 2011, il affirme ne rien regretter : « Je ne regrette pas d’avoir empêché Kadhafi de massacrer son peuple ».
Il évoque un « traitement spécial » qu’il subirait de la part d’une justice politisée. Il rappelle que la présidente du tribunal aurait, par le passé, manifesté contre lui. « Le simple fait qu’on me pose la question prouve qu’il y a un problème. » Il ne veut pas attaquer Mediapart mais accuse certains magistrats d’avoir agi en faisant fi de l'impartialité requise par leur fonction : « Mon combat, ce n’est pas contre un média, c’est pour l’État de droit ».
Nicolas Sarkozy a été convoqué par le Parquet national financier pour le 13 octobre, date à laquelle sa future incarcération sera précisée.