Bordeaux: un détenu dangereux relâché par erreur toujours en fuite

Condamné à dix ans de prison pour un crime violent, Marouane Khaled a été libéré par erreur de la prison de Bordeaux-Gradignan le 30 avril. Les autorités sont toujours à sa recherche, malgré un mandat d'arrêt européen lancé dès le soir de sa sortie. Cette affaire met en lumière les graves défaillances du système pénitentiaire français.
Ce 30 avril, une erreur d'identité aux conséquences graves a permis la remise en liberté d’un détenu jugé dangereux, Marouane Khaled, incarcéré à la prison de Bordeaux-Gradignan. Condamné en novembre 2024 à dix ans de réclusion pour un vol avec violences ayant entraîné la mort lors d’un braquage de cocaïne à Talence en 2019, il a été libéré à la place d’un autre détenu qui devait quitter la prison car en situation d’expulsion. Les deux hommes ne partageaient ni nationalité ni apparence, seul un nom de famille proche aurait causé la confusion. La personne avec laquelle Marouane Khaled a été confondu est un ressortissant marocain de 30 ans, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. Ce dernier devait être assigné à résidence en attendant son expulsion. C’est pourtant Marouane Khaled qui a été amené jusqu’au greffe, escorté à la porte du centre, puis libéré avec un « billet de sortie ».
Un système carcéral à bout de souffle
L’affaire révèle une série de défaillances dans les procédures de contrôle. France 3 rapporte que les vérifications biométriques et la carte d’identité interne, censées éviter ce genre d’incidents, n’ont manifestement pas été correctement appliquées. Selon Ronan Roudaut, délégué syndical UFAP UNSA, « c’est une grosse boulette », liée au manque criant de personnel dans une prison surpeuplée. Le centre, prévu pour 633 détenus, en hébergeait plus de 1 100 au moment des faits. Le personnel, surchargé et mal formé, n’aurait pas pu assurer toutes les vérifications nécessaires.
L’avocat du détenu, Me Georges Parastatis, affirme que son client « n’a enfreint aucune règle » et ne peut être considéré comme évadé, selon ses propos cités par France Info. Il ajoute: « Si quelqu’un vous dit que vous êtes libéré, vous n’allez pas dire non. Ce n’est pas une évasion ».
Toujours aucune trace du détenu
Une enquête judiciaire a été immédiatement ouverte et confiée à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS). Un mandat de recherche et un mandat d’arrêt européen ont été émis le soir-même, mais à ce jour, Marouane Khaled demeure introuvable.
Bruno Retailleau, interrogé lors d’un déplacement à Metz, a déclaré: « Les moyens, nous les avons mis. J’espère que cette erreur sera réparée le plus rapidement possible ». Malgré cette déclaration, aucune arrestation n’a été annoncée à ce jour, et les circonstances exactes de cette faille sécuritaire restent floues.
Ce dysfonctionnement grave met en lumière l’état préoccupant du système carcéral français, entre surcharge, manque de moyens, et procédures de sécurité non respectées. Une situation qui, cette fois, a permis à un condamné pour crime violent de disparaître dans la nature.