La Cour des comptes réclame plus de cohérence pour les politiques jeunesse

Dans son rapport annuel, la Cour des comptes salue l’effort financier pour les jeunes, mais déplore une politique fragmentée. Elle appelle à une stratégie ciblée pour réduire les inégalités frappant les 15-25 ans.
Avec ses 612 pages, le rapport 2025 de la Cour des comptes, publié le 19 mars et remis officiellement au président par le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, place les jeunes de 15 à 25 ans sous les projecteurs. Représentant 13,2% de la population (9 millions de personnes), ils bénéficient de 53 milliards d’euros annuels de l’État, hors collectivités et Sécurité sociale. «La jeunesse, ce sont les forces vives de notre avenir», a déclaré Pierre Moscovici, premier président de la Cour, lors de la présentation.
Le Premier président @pierremoscovici a remis hier le rapport public annuel de la Cour des comptes au Président de la République, consacré cette année aux politiques publiques en faveur des #jeunes.
— Cour des comptes (@Courdescomptes) March 20, 2025
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Pourtant, malgré cet «effort bien réel», les magistrats déplorent un manque criant de «cohérence et d’efficacité» dans les politiques publiques.
La France se distingue ainsi en Europe avec 88% des jeunes qui étudient, se forment ou travaillent; la moitié des 15-25 ans sont diplômés du supérieur, ils quittent le nid familial en moyenne à 23 ans et demi. Mais ces succès masquent des failles. Plus d’un jeune sur dix vit dans la pauvreté, un taux bien supérieur aux autres tranches d’âge, et 16 % sont durablement sans emploi ni formation. La crise du Covid-19 a amplifié ces écarts, touchant 41% des 18-29 ans financièrement, contre 7% des seniors.
Inégalités géographiques et inquiétudes démographiques
Dans les quartiers prioritaires, 27% des jeunes n’ont aucun diplôme, contre 11% ailleurs. En zones rurales, seuls 20% accèdent à l’enseignement supérieur, malgré de meilleurs résultats scolaires, et 38% renoncent à des opportunités faute de mobilité. «Ils expérimentent plus que d’autres l’inégalité des chances», note le rapport, soulignant un non-recours aux droits par méconnaissance ou complexité des dispositifs.
La gouvernance, elle, est jugée chaotique. Avec 28 directions administratives impliquées, «une politique cohérente semble hors de portée», tance la Cour. Les aides, comme celles au logement ou au sport, sont «éparpillées» et mal ciblées, privilégiant souvent les étudiants au détriment des plus précaires. Pierre Moscovici appelle à un «plan stratégique» recentré sur les besoins réels, plaidant pour «passer d’un pilotage par l’offre à un pilotage par les résultats».
À l’horizon 2070, la démographie inquiète : les 15-25 ans seront moins nombreux que les plus de 75 ans, avec des territoires ruraux perdant jusqu’à la moitié de leurs jeunes. «On raisonne à 2050 pour le climat ou la vieillesse, mais pas pour la jeunesse», déplore la Cour, qui remet ce rapport à Emmanuel Macron dans un contexte de déficit public à 6%.