Crise entre la France et l'Algérie : Macron appelle à la reprise du travail avec Alger
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Lors de son déplacement au Portugal dans le cadre d’une visite officielle le 28 février, le président français Emmanuel Macron a souhaité qu’un «travail de fond soit réengagé avec l’Algérie», tempérant les propos de ses ministres.
Évoquant pour la première fois la crise avec l’Algérie depuis l’attaque au couteau de Mulhouse et les déclarations de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui plaidait pour l’instauration d’un rapport de force avec les autorités algériennes, le président français Emmanuel Macron a appelé à la reprise du travail avec son homologue algérien pour sauvegarder les intérêts des deux pays.
«Nous n’avancerons pas s’il n’y a pas un travail. On ne peut pas parler par voie de presse, c’est ridicule, ça ne marche jamais comme cela», a-t-il notamment déclaré lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre portugais Luís Montenegro à Porto.
Ces déclarations interviennent deux jours après celles du Premier ministre français, François Bayrou, qui a évoqué une possible «remise en cause fondamentale» des accords de 1968 permettant aux Algériens de bénéficier de droits et de facilités uniques en France. À ce propos, le président français a déclaré : «On ne va pas les dénoncer de manière unilatérale, ça n’a aucun sens.»
«Le problème à mon avis dont on parle est beaucoup plus les accords de 1994 et nous avons commencé avec le président Tebboune un mouvement pour les moderniser et on le fera en bon ordre», a précisé Emmanuel Macron.
Macron dénonce le jeu politique
Après avoir pris ses distances avec l’ultimatum lancé aux autorités algériennes par son Premier ministre, le président français s’en est pris, sans le nommer, à son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
«Les choses se font bien quand elles se font avec exigence mais il ne faut pas qu’elles fassent l’objet de jeu politique où qu’il soit. Il faut qu’elles soient faites avec ce que nos pays méritent : un sens du réel et une culture du résultat», a déclaré le chef de l’État.
En effet, le président français a mis en garde contre l’instrumentalisation de la question migratoire, en particulier la relation crispée entre la France et l’Algérie à des fins politiques. Depuis l’attaque au couteau de Mulhouse, le ministre de l’Intérieur a multiplié les déclarations aux médias dans lesquelles il appelle à durcir le ton face aux autorités algériennes qu’il accuse de laxisme dans l’application des accords bilatéraux régissant la question migratoire.
Le 7 décembre dernier, une résolution demandant aux autorités françaises de dénoncer l'accord franco-algérien de 1968 n’a pas recueilli les voix nécessaires pour son adoption à l’Assemblée nationale. Une résolution présentée par Les Républicains, parti auquel appartient Bruno Retailleau.