Mayotte : une loi d’urgence annoncée et une interdiction des bidonvilles qui fait débat
Matignon a annoncé le 2 janvier qu’un projet de loi de loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte allait être présenté en conseil des ministres la semaine prochaine. La question de l’interdiction des bidonvilles se trouve, elle, au cœur des débats.
C’est finalement avec un peu de retard que sera présentée la loi d’urgence pour reconstruire l’archipel de Mayotte après le passage du cyclone Chido dans ce département de l’océan Indien le 14 décembre. Initialement prévue pour le 3 janvier, la présentation du texte est repoussée à la deuxième semaine du mois de janvier, selon les services du Premier ministre. D'après ceux-ci, ce délai n’aura «pas d’impact» sur son examen à l’Assemblée, qui reprend son activité le 13 janvier. Un dossier qui avancerait donc alors que le 1er janvier l’aéroport de Mayotte a accueilli son premier vol commercial depuis le passage du cyclone.
#EngagementTenu| Réouverture de l’aéroport de Mayotte
— Préfet de Mayotte (@Prefet976) January 1, 2025
Le premier vol commercial en provenance de Paris a atterri ce matin à l’aéroport Marcel-Henry, avec 88 passagers à bord. Une étape clé marquant la réouverture de l’aéroport, fermé après le passage du cyclone CHIDO. 🌪️ pic.twitter.com/43W2l7nVWD
Alors que la question de la reconstruction occupe les esprits, celle de l’interdiction des bidonvilles divise dans le monde politique et associatif.
«Les bidonvilles sont déjà en train de réapparaître à Mayotte», selon la députée Estelle Youssouffa
Parmi les mesures préconisées par le Premier ministre François Bayrou pour reconstruire l’archipel de Mayotte se trouve l’interdiction des bidonvilles. Une proposition qui ne convainc pas le monde associatif, à l’instar de la Fondation abbé Pierre dont le directeur des études Manuel Domergue a affirmé le 31 décembre sur le réseau social X: «100 000 habitants vivent dans des bidonvilles, non pas par plaisir de vivre dans l'illégalité (car c'est *déjà* interdit!) mais faute de logements».
Absurdistan ! 100 000 habitants vivent dans des bidonvilles, non pas par plaisir de vivre dans l'illégalité (car c'est *déjà* interdit !) mais faute de logements. Empêcher les bidonvilles sans alternatives crédibles immédiates, c'est condamner 100 000 personnes à la rue... https://t.co/XwnXtokF37
— Manuel Domergue (@Manuel_Domergue) December 31, 2024
La députée de Mayotte Estelle Youssouffa avait prévenu dès le 22 décembre que des bidonvilles seraient reconstruits. Interrogée le 1er janvier par Le Point sur la suppression de ces habitations de fortune, la députée a estimé que «la mesure d'interdiction est très attendue, mais le problème est de savoir comment l'État va se mobiliser pour les empêcher. Ils sont déjà en train de réapparaître». Interrogé dans les colonnes de Marianne, Dominique Tessier a, lui, affirmé «personne ne croit à cette mesure d'interdire les bidonvilles. Il n’y a pas de baguette magique pour les supprimer».
19 jours après le passage du cyclone Chido, le bilan humain demeure à 39 morts et plus de 4 000 blessées à Mayotte, un décompte rendu difficile par la présence de clandestins, mais aussi par de possible enterrement sans déclaration préalable.