Présidentielle de 2017 : en France, un reportage se penche sur les liens entre Macron et McKinsey
La télévision publique française a diffusé le 17 septembre un reportage revenant, notamment, sur le soutien apporté par des consultants du cabinet de conseil américain McKinsey durant la première campagne présidentielle d’Emmanuel Macron.
La diffusion sur le service public français, le 17 septembre au soir, d'un reportage sur les liens entre le président français et le cabinet de conseil américain McKinsey a été abondamment commentée sur la toile.
«Comment un ambitieux devient président de la République avec l’aide "gratuite" d’un cabinet de conseil et lui renvoie l’ascenseur en payant avec l’argent du contribuable des prestations douteuses ! Une série Netflix ? Non le dernier Cash Investigation […] sur le scandale Macron/McKinsey», a notamment taclé le président de Debout la France et ex-député des Yvelines, Nicolas Dupont-Aignan.
Comment un ambitieux devient Président de la République avec l’aide « gratuite » d’un cabinet de conseil et lui renvoie l’ascenseur en payant avec l’argent du contribuable des prestations douteuses ! Une série #Netflix ?
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) September 17, 2024
Non le dernier #CashInvestigation de #france2 sur le… pic.twitter.com/gQZwRqHsAw
Ce reportage de l’émission Cash Investigation, de la journaliste Élise Lucet, est notamment revenu sur la campagne présidentielle de 2017 et a mis en perspective le rôle du cabinet de conseil américain McKinsey dans l’avènement de l’ancien ministre de François Hollande devenu président.
«Une trentaine de collaborateurs de McKinsey ont travaillé bénévolement pour le candidat Emmanuel Macron en 2017», a commenté la députée du Rassemblement national (RN) Hélène Laporte. Et d’affirmer que «des contrats pharaoniques» avaient ensuite été passés avec le gouvernement. «Un scandale d’État !», a-t-elle conclu.
Le «Chixculub» ou la mise en orbite du candidat Macron
Le reportage donne la parole à un témoin, resté anonyme, ayant participé à un dîner au début de l’automne 2015 où étaient présents Brigitte et Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, mais également plusieurs membres de son cabinet, des «patrons» ainsi que des salariés de McKinsey, dont Karim Tadjeddine, à l’époque responsable du secteur public pour le cabinet de conseil.
C’est ce dernier qui aurait eu l’idée de lancer le «Chixculub». Ce Chixculub fait référence au cratère qui s’est formé au Mexique après la chute de l’astéroïde qui a causé l’extinction des dinosaures. La métaphore consistait, ici, à comparer l’avènement d’un monde nouveau en évacuant les vieux «dinosaures» de la politique française.
Pour parvenir à prendre la place de ces vétérans, le président se serait entouré de membres du cabinet de conseil américain qui auraient donc travaillé gracieusement pour lui, relate le documentaire. Ce à quoi Karim Tadjeddine répond qu’il s’est engagé «à titre personnel». La loi française interdit en effet les dons des entreprises aux candidats à la présidentielle et le travail gratuit de plusieurs collaborateurs de McKinsey pourrait être assimilé à une forme de don.
«Cela fait sept ans qu’on sait tout ça»
L'équipe de Cash Investigation a notamment rappelé que, selon un rapport sénatorial publié en mars 2022, malgré un chiffre d'affaires de plus de 300 millions d'euros en 2020, «le cabinet n'aurait versé aucun impôt sur les sociétés de 2011 à 2020», pointant du doigt «un exemple caricatural d'optimisation fiscale».
Suite à ce rapport, le parquet national financier (PNF) avait annoncé en avril 2022 l'ouverture d'une enquête pour «blanchiment aggravé de fraude fiscale». Quelques mois plus tard, en novembre de la même année, le PNF confirmait l’ouverture de deux informations judiciaires sur le rôle des cabinets de conseil dans les campagnes présidentielles de 2017 et 2022.
#CashInvestigation Voici le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques. Les sénateurs @arnaud_bazinVO et @ElianeAssassi parlent de “phénomène tentaculaire”.https://t.co/nBvI8tUTdypic.twitter.com/KQ4jz5M2wd
— CASH INVESTIGATION (@cashinvestigati) September 17, 2024
Au cœur du reportage, une scène pour le moins troublante se déroule entre la présentatrice Élise Lucet et l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Visiblement très agacé, celui qui a réglé ses comptes au début du mois de septembre avec le président s’emporte : «Si vous connaissiez le sujet de près vous ne diriez pas une chose pareille.» Puis, après avoir tapoté l’épaule de la journaliste : «Vos méthodes ne sont pas celles d’une démocratie [...] Vous êtes dangereuse par vos façons de faire.»
Le niveau c’est phenomenal, OSER dire que Elise Lucet est dangereuse parce qu’elle pose des questions sur ce qu’ils foutent de l’argent public ça en dit tellement sur la macronie #CashInvestigationpic.twitter.com/crZlU0sLTr
— Gawa (me followez pas svp) 🍉 (@SPLover1863) September 17, 2024
Déjà par le passé, des personnalités avaient dénoncé les liens entre Emmanuel Macron et McKinsey, à l’image de Philippe de Villiers, qui avait évoqué ce mécanisme dès 2022, rappelant au passage les liens entre McKinsey et Pfizer.
Plusieurs élus et lanceurs d’alerte ont vivement réagi à ces révélations de la télévision publique, notamment l’ancien militant identitaire Damien Rieu. «Ne soyez pas dupes sur Cash Investigation qui sort son enquête sur McKinsey quand la Macronie est déjà morte alors que cela fait sept ans qu’on sait tout ça», a-t-il dénoncé.
«Bien entendu, ce reportage sur McKinsey n’a été réalisé qu’après qu’Emmanuel Macron ait été réélu, alors même que des éléments datent de 2017. Cela aurait été trop gênant qu’il paraisse avant l’élection présidentielle 2022», a abondé l’élu RN.