Pour Marine Le Pen, «la démission du président de la République est un scénario possible»
Dix jours après le second tour des élections législatives, aucun nom ne semble émerger pour le poste de Premier ministre. Dans ce contexte, Marine Le Pen a évoqué ce 17 juillet l’hypothèse de la démission du président.
«Compte tenu de la situation politique, la démission est la dernière possibilité que la Constitution offre aujourd'hui à Emmanuel Macron pour sortir d'une crise politique.» Au micro de BFMTV ce 17 juillet, Marine Le Pen a estimé que la démission du président de la République était «un scénario possible», alors que le chef de l’État ne s’est toujours pas vu proposer de Premier ministre par les différentes forces en présence à l’Assemblée nationale.
La présidente du groupe Rassemblement national (RN) s’inquiète de ce qu’elle nomme une «violation de l’esprit de la Constitution» et met en garde contre le risque de voir le pouvoir confisqué par «la technocratie».
«Un bourbier prévisible», tance Marine Le Pen
L’ancienne candidate à la présidence de la République estime que «nous sommes aujourd'hui en plein bourbier», ajoutant que «personne ne peut gouverner».
Pour elle, le maintien des ministres, 18 en tout, devenus députés est «contraire au principe de la séparation des pouvoirs et à notre Constitution». Elle cite notamment l’article 23 de la Constitution sur «l’incompatibilité entre un poste gouvernemental et l’exercice d’un mandat». Pour elle, il y a une «violation de l’esprit de la Constitution» et une «confusion des pouvoirs».
Marine Le Pen voit par ailleurs d’un mauvais œil l’hypothèse d’un «gouvernement technique», c’est-à-dire d’un gouvernement dirigé par des fonctionnaires qui expédient les affaires courantes. «Ce n’est pas une bonne solution», juge-t-elle, ajoutant que c'est «la technocratie qui va prendre le pouvoir, en sachant pertinemment que la technocratie va œuvrer contre les intérêts du peuple». Et d’affirmer qu’un gouvernement technique, constitué de hauts fonctionnaires et d’experts, serait simplement un nouveau «gouvernement Macron». «Ça fait à peu près sept ans qu’on a ça déjà», assène-t-elle.
Une opposition frontale au Nouveau Front populaire
À la tête du premier groupe en nombre de députés au Palais Bourbon, Marine Le Pen, dont le groupe disposait de vice-présidences lors de la précédente législature, doit désormais faire face à la demande du Nouveau Front populaire (NFP) de ne voir aucun élu RN siéger au bureau de l’Assemblée nationale.
Ostracisée par l’union des gauches, Marine Le Pen considère que «tout est mieux qu’un gouvernement du Nouveau Front populaire», rappelant que ce NFP «n’est pas majoritaire».
Une opposition à l’alliance des gauches qui n’empêche pas l’ancienne présidente du RN de tenir sa ligne des précédentes législatures : «Chaque texte qui nous sera proposé, nous l’analyserons. S’il est bon pour les Français, nous le voterons. S’il est mauvais pour les Français, nous nous y opposerons.» Dans l’incapacité de présenter un candidat au poste de Premier ministre faute de majorité ou d’alliances, Marine Le Pen balaie d’un revers de main les tractations en cours en déclarant : «J’essaie de penser idées politiques et projets politiques, pas seulement personnes. Ça, ce sont leurs magouilles, c’est leur posture. Je trouve que ça contribue à affaiblir encore plus, si c’est possible, le lien qui existe entre les Français et leurs dirigeants.»
Les tractations pour un nouveau chef de gouvernement pourraient durer tout l’été, l’équipe sortante étant maintenue pour gérer les affaires courantes. La gauche ne parvient pour l’heure pas à proposer un candidat et le centre macroniste poursuit ses manœuvres pour tenter d’aboutir à un «pacte législatif».