Polémique sur les binationaux : un député RN désavoué par Marine Le Pen
Marine Le Pen s'est déclarée «estomaquée», ce 28 juin, par les propos tenus la veille par Roger Chudeau, ex-député Rassemblement national, qui s’était exprimé contre la binationalité chez les ministres. Haut fonctionnaire passé par l'Inspection générale de l'éducation, celui-ci avait donné l’exemple de la ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem.
«L'amour pour son pays ne dépend pas du fait d'avoir ou de ne pas avoir une double nationalité.» Interrogée ce 28 juin sur le plateau de CNews à propos des déclarations de l'ex-député Rassemblement national (RN) Roger Chudeau, Marine Le Pen a désavoué celui qui est considéré comme le «monsieur Éducation» du RN.
J'ai renoncé à l'interdiction de la double nationalité il y a plusieurs années parce que je me suis rendu compte que cette mesure était profondément injuste.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) June 28, 2024
L'amour que l'on a pour son pays ne dépend pas du fait d'avoir ou de ne pas avoir une double nationalité. pic.twitter.com/U0tbNajJwN
La présidente sortante du groupe RN à l’Assemblée s’est même déclarée «un peu estomaquée» que celui-ci «puisse exprimer un avis qui lui est personnel et qui est totalement contraire au projet du Rassemblement national».
Marine Le Pen étouffe la polémique et justifie son changement d’opinion
L’ancienne candidate à la présidentielle a expliqué avoir renoncé à la suppression de la double nationalité «il y a plusieurs années». «Je me suis rendu compte que les binationaux ressentaient comme une forme de suspicion de déloyauté à l’égard de la France et je trouvais ça profondément injuste», a-t-elle expliqué.
Marine Le Pen contredisait donc les déclarations du député du Loir-et-Cher Roger Chudeau qui avait estimé la veille que la socialiste Najat Vallaud-Belkacem n’aurait pas dû être ministre de l’Éducation, évoquant un «problème de double loyauté». «Je pense que c’était une erreur, et pas une bonne chose pour la République», avait-il précisé.
«Najat Vallaud Belkacem, franco-marocaine, qu’a-t-elle fait ? Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d’arabe», avait insisté, à l'encontre de l’ancienne ministre socialiste, cet ancien directeur de l'encadrement du ministère de l'Éducation nationale et du ministère de l'Enseignement supérieur. Une sortie qui a suscité l'indignation à gauche, la présidente de la région Occitanie Carole Delga dénonçant des propos «infâmes». Des propos «infamants et ridicules», a également réagi le président français Emmanuel Macron, depuis Bruxelles.
«Un avis strictement personnel», se défend Chudeau
Rappelé à l’ordre le lendemain matin par Marine Le Pen, le député avait déjà tenu à préciser, avant le passage de cette dernière à CNews, que sa «position» exprimée sur l'ancienne ministre socialiste était «un avis strictement personnel» qui n'engageait «nullement le Rassemblement national».
La position que j’ai exprimée au sujet de Mme Vallaud-Belkacem sur BFMTV est un avis strictement personnel et n’engage nullement le @RNational_off.
— Roger Chudeau (@ChudeauR) June 28, 2024
La question de la double nationalité aura été évoquée à plusieurs reprises et dans la confusion pour le RN. «Je suis attaché au fait qu’une nationalité, vous n’en n’avez qu’une», avait déclaré le 13 juin sur C8 le vice-président sortant l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu.
Deux semaines plus tard, le 27 juin, le député revenait sur ses propos en rappelant la nouvelle ligne de Marine Le Pen. «Marine Le Pen souhaitait renoncer à l'arrêt de la double nationalité, elle a considéré que c'était trop blessant», a-t-il déclaré sur le plateau de BFMTV-RMC. «Il faut probablement être soi-même double national pour comprendre combien ça peut être pénible de devoir toujours prouver quelque chose», avait ajouté l'ancien député du Nord.
La question de la double nationalité a également été sujette à polémique quand le président du parti Jordan Bardella a suggéré d’interdire l’accès à certains métiers sensibles aux binationaux.