«La prochaine étape, ce sera certainement Paris» : la contestation des agriculteurs s'accentue à travers la France

- Avec AFP

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«La prochaine étape, ce sera certainement Paris» : la contestation des agriculteurs s'accentue à travers la France Source: AP
Blocage à Bayonne, dans le sud-ouest, le 23 janvier (image d'illustration).
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La mobilisation des agriculteurs français s'accentue ce 24 janvier avec de nouveaux barrages routiers, notamment près de Bordeaux et de Clermont-Ferrand ainsi qu’en Bretagne. A Agen, des taxis se sont joints à la contestation et les CRS se sont interposés devant la préfecture.

Jachère, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole... Les cultivateurs et éleveurs français n'ont pas tous les mêmes demandes mais partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire et d'exporter, et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat.

Tôt ce 24 janvier, des agriculteurs à bord d'au moins 200 tracteurs ont envahi la rocade de la grande ville de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l'Espagne, bloquant la circulation pour exprimer les revendications d'une «agriculture en colère».

A Agen, les taxis se joignent à la contestation

Le journaliste Clément Lanot a rapporté plus tard dans la matinée que des centaines de taxis se joignaient à Agen à la contestation des agriculteurs, et que la préfecture était «barricadée» par des CRS, les manifestants ayant menace d'en abattre les grilles.

«Le prix du gasoil, toutes les taxes, et même par rapport aux générations futures... ça ne donne pas envie de s'installer», a déclaré à l'AFP Yoan Joannic, 20 ans, agriculteur dans le sud de la Gironde.

Ce jeune producteur céréalier s'est dit ému par les décès d'une éleveuse d'une trentaine d'années et de sa fille adolescente, percutées par une voiture sur un barrage le 23 janvier à Pamiers (sud-est). «On a la rage de continuer, pour cette famille qui est décédée. Ils étaient comme nous, passionnés... On a commencé, maintenant on continue !», a-t-il lancé.

Démarré le 18 janvier dernier dans le sud-ouest du pays par un blocage d'autoroute qui continue, le mouvement s'est étendu depuis à toute la France.

«La prochaine étape, ce sera certainement Paris !», a déclaré un agriculteur interviewé par BFMTV. 

Plus tard dans la journée, le journaliste Clément Lanot a signalé qu'un agriculteur s'était rendu sur les Champs-Elysées en tracteur, avant d'être raccompagné en dehors de la capitale par la police.

«Les actions vont s'amplifier»

Ce 24 janvier est également marqué par l'entrée dans la contestation des agriculteurs bretons. «On a commencé assez calmement à l’automne, là on va pousser d’un cran, bloquer les routes sur une durée indéterminée pour vraiment montrer qu’il y en a marre», déclare un agriculteur breton au micro d’Europe1

Dans le centre de la France, le blocage de l’autoroute A71 à proximité de Clermont-Ferrand a été signalé en début d’après-midi.

«Les actions vont s'amplifier» ce 24 janvier, avait promis la veille au soir sur TF1 le président du syndicat majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau.

Après la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) reçus le 22 janvier, la Coordination rurale, deuxième syndicat, et la Confédération paysanne, troisième, sont sortis le 23 janvier au soir du bureau du Premier ministre Gabriel Attal sans appeler à lever les blocages. La première a qualifié l'échange de «constructif» tandis que la seconde jugeait les propositions «insuffisantes».

Des blocages sont annoncés sur des routes nationales et des autoroutes, du nord au sud du pays. De nouvelles manifestations et occupations de ronds-points, péages ou bretelles d'autoroute ou encore des opérations escargot étaient ainsi attendues sur tout le territoire et dans le nord, l'accès au tunnel sous la Manche ainsi qu'au port desservant l'Angleterre pourrait être perturbé, ont averti les autorités.

Contestation européenne

Assailli de questions à l'Assemblée le 23 janvier, le Premier ministre français Gabriel Attal a évoqué des mesures qui pourraient arriver rapidement : d'abord sur la rémunération des agriculteurs par les industriels et les grandes surfaces.

Il a aussi promis de répondre à la demande de simplification administrative, les exploitants, surtout les éleveurs, devant remplir chaque jour de nombreux documents. Les demandes de subventions et d'aides après des calamités prennent aussi trop de temps, se plaignent les agriculteurs.

«Je pense que les annonces qui seront faites, ça ne sera pas suffisant. Et donc notre mouvement va se poursuivre dans les semaines à venir jusqu'au Salon de l'agriculture», pronostiquait un agriculteur membre de la FNSEA sur un blocage de l'A63 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) dans la nuit du 23 au 24 janvier.

Les autres grands pays agricoles européens étant confrontés à des mouvements similaires, le sujet agite aussi Bruxelles. La Commission européenne doit réunir dans 48 heures organisations agricoles, secteur agro-alimentaire, ONG et experts pour tenter de calmer le jeu et convaincre de l'intérêt de réconcilier transition écologique et agriculture.

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