Civitas : Gérald Darmanin veut procéder à une nouvelle dissolution après des propos polémiques
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'il voulait dissoudre le parti politique Civitas. Cette procédure, régulièrement mise en œuvre depuis six ans, fait suite à des propos controversés d’un intervenant lors d’une université d’été.
«Je condamne fermement ces propos ignominieux et saisis le procureur de la République» : le ministre de l’Intérieur a fait connaître son intention de dissoudre le parti Civitas, présidé par le Belge Alain Escada. En cause : la diffusion d’un extrait d’une conférence lors de l’université d’été de l’organisation catholique, dans laquelle l’intervenant tient des propos jugés «antisémites» par Gérald Darmanin et une large partie du spectre politique français.
L’antisémitisme n’a pas sa place dans notre pays. Je condamne fermement ces propos ignominieux et saisis le Procureur de la République. Par ailleurs, j’ai demandé à mes services d’instruire la dissolution de Civitas. https://t.co/Fz5JF21tFV
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) August 7, 2023
Une conférence controversée
«Peut-être faudrait-il retrouver la situation d’avant 1789» : c’est cette formule du conférencier Pierre Hillard qui a mis le mouvement Civitas, une association catholique devenue parti politique en 2016, sous le feu des projecteurs. Ce docteur en science politique visait ici les juifs qui ont obtenu la citoyenneté française en septembre 1791 sous le régime français de la monarchie constitutionnelle.
Pour l’auteur, qui s’exprimait lors de «l’université d’été du pays Réel» le 30 juillet à Pontmain (Mayenne), cette naturalisation a ouvert la voie à l’immigration. S’en sont suivis des propos sur Éric Zemmour qui «oublie de dire […] que ce sont ses coreligionnaires qui ont ouvert les portes de l’immigration». Enfin, le conférencier estime que «si l’on fait du catholicisme traditionnel une religion d’Etat, peut-être faudrait-il retrouver la situation d’avant 1789».
L’usage du conditionnel pourrait ici assurer la ligne de défense du conférencier, mais c’est bien la dissolution de l’organisation Civitas, à l’origine de la conférence, qui est demandée par le ministre de l’Intérieur.
Une dissolution politiquement acquise
Si la récente dissolution des Soulèvements de la Terre, objet le 8 août d’un référé demandant sa suspension, avait suscité une levée de bouclier à gauche, celle de Civitas n’a pas provoqué de vague de soutien. Jean-Luc Mélenchon s’est ainsi félicité de cette initiative, qu’il dit avoir initiée avec la Licra. La présidente du groupe Insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a également saisi le procureur de la République.
Des députés de la majorité ont également apporté leur soutien au ministre de l’Intérieur, à l’image de l'élue de Paris Caroline Yadan qui en a profité pour s’en prendre à La France insoumise et à Jean-Luc Mélenchon qu’elle accuse de mener une «tentative de dédouanement».
Du côté des Républicains et du Rassemblement national, peu d’élus se sont prononcés, tout comme dans le parti Reconquête d’Éric Zemmour, pourtant mis en cause dans les propos tenus lors de la conférence.
Darmanin donne une réponse claire à l'interpellation des insoumis et de la Licra. L'antisémitisme va être puni. Civitas sera dissout et le procureur de la République est saisi des propos de Pierre Hillard. https://t.co/7ah1sSTlT3
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) August 7, 2023
La dissolution de Civitas serait la 34e du genre après Les Soulèvements de la Terre en six ans de présidence Macron. Les organisations dissoutes sont très majoritairement des structures de droite radicale ou islamistes. En cinq ans, François Hollande en avait dissous dix et son prédécesseur Nicolas Sarkozy seulement deux.