La majorité macroniste semble avoir un sens de l'humour bien à elle. Comme l'a révélé Le Point avant que d'autres médias, notamment Europe 1 et Le Figaro, confirment l'information, Elisabeth Borne s'est vu remettre en guise de cadeau de Noël, lors du traditionnel dîner de fin d’année qui se tenait le 20 décembre à Matignon, le maillot bleu de l’équipe de France de football, floqué en couleur or du numéro 49 à l’avant, et du chiffre 3 à l’arrière du maillot.
Borne et ses invités hilares, les communicants interdisent les photos
Cette référence directe à l'arme constitutionnelle employée dix fois par Elisabeth Borne depuis la rentrée parlementaire pour faire passer les textes sans vote, faute de majorité suffisante, a apparemment amusé le chef du gouvernement. Elisabeth Borne a «aussitôt enfilé ce maillot spécial», selon Le Point, avant de se promener d'une salle à l'autre de Matignon, sous l'œil d'une assemblée hilare.
De nombreux invités ont dégainé leur téléphone pour immortaliser l'instant, «jusqu'à ce que la communicante d'Élisabeth Borne intervienne et demande à l'assemblée d'arrêter de prendre des photos», narre l'hebdomadaire, évoquant la gêne de certains participants face à une plaisanterie qui leur semblait de mauvais goût. «J'avais honte, c'est nul», a ainsi regretté l'un des invités auprès du Figaro. Aucun cliché de cet épisode n'a cependant été publié pour le moment.
Un cadeau de Noël, qui aurait été imaginé par le secrétaire d'État à la Mer Hervé Berville, selon Le Figaro. Une version contestée le 22 décembre par le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du Conseils des ministres. «Je ne ferai pas de commentaire si ce n’est que ce cadeau n’est pas offert par des membres du gouvernement», a-t-il fait savoir devant la presse.
Toujours est-il que ce cadeau a visiblement réussi à détendre l'atmosphère d'une soirée au cours de laquelle Elisabeth Borne a appelé les ministres et leurs équipes à resserrer les rangs à la veille de réformes décisives pour le quinquennat, à commencer par celle des retraites. Probablement conscient de la faible popularité du projet dans l'opinion, le président Emmanuel Macron a annoncé le 12 décembre, à la surprise générale, le report au 10 janvier de la présentation de celle-ci, alors qu'elle était initialement programmée le 15 décembre, en évoquant la nécessité de nouvelles discussions avec les responsables politiques et syndicaux.
Malgré les critiques formulées par les oppositions depuis la rentrée, qui dénoncent régulièrement un «abus de pouvoir» de la part de la majorité, Elisabeth Borne a une nouvelle fois recouru le 15 décembre à l'article 49.3 de la Constitution afin de faire passer son projet de budget pour 2023 sans le vote des députés. En retour, La France insoumise a déposé une nouvelle motion de censure, rejetée le lendemain.
Le gouvernement peut utiliser le 49.3 autant de fois qu'il le souhaite sur un texte budgétaire, comme le PLF, le budget de la Sécurité sociale ou les projets de budget rectificatifs. Il envisage d'ailleurs de faire passer la réforme des retraites dans le projet de loi rectificatif de la Sécurité sociale (PLFRSS). Mais, sur un texte non financier, il ne peut se servir du 49.3 qu'une seule fois par session parlementaire.