La plainte déposée en décembre 2020 par le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) contre le professeur Christian Perronne, pour des propos sur l'épidémie de Covid-19 que le Cnom jugeait problématiques, a été rejetée en première instance par la cour disciplinaire régionale de l'Ordre.
«La plainte du conseil national de l'Ordre des médecins est rejetée», a ainsi tranché la chambre disciplinaire, dans une décision rendue le 21 octobre et dont l'AFP a obtenu copie ce 24 octobre. Contacté par l'agence de presse, le Cnom a indiqué son intention de faire appel «dans les meilleurs délais».
Il y a près de deux ans, le Cnom avait examiné une série de plaintes ou de signalements visant des médecins, pour des faits ou propos tenus publiquement sur la pandémie de coronavirus. Il avait décidé de saisir les chambres disciplinaires de première instance de plaintes, ou de s'associer à une plainte en cours à l'égard de six médecins, dont l'infectiologue Christian Perronne, alors chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).
Dans sa plainte, le Cnom dénonçait ses «propos outranciers contraires à tout principe de dignité», ainsi qu'à «plusieurs règles de la déontologie médicale», et l'accusait d'avoir «fait courir un risque injustifié» aux patients par sa défense de l'hydroxychloroquine.
Des arguments balayés par la chambre disciplinaire, qui a estimé que les prises de position du professeur Perronne «n'ont pas mis en danger l'action entreprise par les pouvoirs publics», ni promu «un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé». Affirmant que ce «spécialiste internationalement reconnu» était légitime à s'exprimer sur le sujet et «en avait même l'obligation», l'instance souligne que le mis en cause n'a pas «appelé à la violence, ou incité à la haine, ou eu un discours "antivax"» et qu'il n'a pas non plus «gravement mis en cause des confrères».
Christian Perronne : «Ils m'ont rendu mon quelque part mon honneur»
«Je suis très heureux, je ne m'attendais pas à un jugement aussi favorable», a réagi le professeur Christian Perronne sur Sud radio. «La majorité de la communauté médicale me soutient, j'étais ravi de voir que le Conseil de l'Ordre était le reflet de la communauté médicale française. Ils ont vraiment pris des arguments objectifs, il n'y avait pas de "blabla". C'était uniquement sur les données factuelles qu'ils m'ont rendu quelque part mon honneur», a-t-il ajouté.
Très critique des mesures sanitaires instaurées lors de l'épidémie de Covid, Christian Perronne avait été démis de ses fonctions de vice-président et de président du Conseil scientifique de la Fédération française contre les maladies vectorielles à tiques (FFMVT) en octobre 2020. Quelques semaines plus tard, le 17 décembre, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait mis fin à ses fonctions de chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), et avait déposé plainte à son encontre devant l'Ordre des médecins.
En cause, ses propos tenus sur Sud Radio concernant, notamment, les tests PCR et l'utilité du port du masque dans la rue. Christian Perronne avait ainsi déclaré qu'on «ruine la sécu pour des tests qui ne servent à rien» mais qui sont un «jackpot» pour les hôpitaux et les médecins généralistes qui toucheraient plus d'argent lorsqu'un cas de Covid-19 est détecté – une référence à la majoration qui, selon l'Assurance maladie, valorisait «l'annonce du test positif, la prescription des tests pour les cas contacts proches [...], l'information donnée au patient sur les mesures barrières, l'enregistrement dans l'outil Contact Covid du patient et des cas contacts proches». L'auteur de l'essai Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ? (Albin Michel, 2020) était par ailleurs un soutien du Professeur Didier Raoult.