Pétrole : le projet d'embargo de l'UE sur la Russie fait passer le brent au-dessus des 110 dollars
- Avec AFP
Les cours du baril de brut se sont envolés sous l'effet de la présentation d'un projet d'embargo de l'Union européenne sur les importations russes. Un facteur qui s’ajoute à la faiblesse des réserves américaines de produits pétroliers.
Le contrat de référence pour le prix du baril de Brent de la mer du Nord, avec échéance en juillet, a gagné 4,92% pour finir à 110,14 dollars, son plus haut niveau depuis deux semaines et demi. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin, a lui pris 5,27%, à 107,81 dollars.
Pour Andy Lipow, consultant spécialisé dans le pétrole cité par l’AFP deux facteurs expliquent cette hausse : la baisse des stocks américains de produits pétroliers, qui pourraient encore se replier d'ici fin mai, car de nombreuses raffineries américaines font l'objet d'opérations de maintenance ; mais surtout «la décision de l'UE d'aller vers un embargo sur le pétrole russe».
La Commission européenne a en effet transmis aux Etats membres, dans la nuit du 3 au 4 mai, une proposition de nouvelles sanctions contre la Russie, qui contenait la suspension totale des importations de brut dans les six mois et des produits raffinés d'ici fin 2022. Lors d'une première réunion le 4 mai, plusieurs Etats ont exprimé leur «préoccupation» vis-à-vis du projet, selon un diplomate européen cité par l'AFP.
Bien que s'étant vue proposer une dérogation, comme la Slovaquie, la Hongrie a d'entrée rejeté le texte, qu'elle dit ne pas pouvoir soutenir «dans sa forme actuelle», selon le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto.
Menace sur le transport
«Dans la mesure où l'unanimité est requise [pour adopter le projet], il est probable que cela aboutisse à une version très édulcorée, compte tenu de la position actuelle de la Hongrie», a estimé, dans une note, un analyste de Rystad Energy, le plus grand cabinet de conseil en énergie de Norvège.
Les opérateurs s'inquiétaient au moins autant d'un autre volet du projet qui prévoit l'interdiction pour les navires européens de transporter du pétrole ou des produits raffinés russes. «Ces sanctions sur les navires devraient peser sur les exportations russes beaucoup plus tôt que le délai de six mois évoqué par l'Union européenne», avertit Andy Lipow.
Leur spectre pourrait, en outre, aller au-delà des seules cargaisons vers l'UE et toucher une bonne partie du transport de pétrole en provenance de Russie, toutes destinations confondues, y compris l'Asie, en bonne partie assuré par des tankers européens.