Ainsi que le rapporte l'AFP le 22 février, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé le jour même qu'il avait suspendu l'autorisation du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne, après la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de provinces ukrainiennes pro-russes.
«Sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut pas être mis en service», a déclaré le chancelier lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre irlandais Micheal Martin, ajoutant que le dossier allait être «réexaminé» par le gouvernement allemand.
Fin janvier, la chef de la diplomatie allemande avait déjà déclaré devant le Bundestag que la Russie s'exposait à des «conséquences massives» en cas d'«agression visant l'Ukraine». Elle avait précisé que le gazoduc Nord Stream 2 figurait parmi les projets pouvant faire l'objet de sanctions en préparation par les Occidentaux.
Dès le lendemain, dans une déclaration commune, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et le chef d'Etat américain Joseph Biden, avaient fait savoir que les Etats-Unis et l'UE travaillaient à la fourniture de «volumes additionnels de gaz naturel» pour l'Europe, afin de faire face, entre autres, à un contrecoup d'une éventuelle «invasion russe de l'Ukraine.»
Pour l'heure, Nord Stream 2 est dans l'attente de sa certification par le régulateur allemand de l'énergie. De son côté, le président américain a annoncé le 23 février des sanctions contre l'entreprise chargée d'exploiter le gazoduc. «Aujourd'hui, j'ai ordonné à mon administration d'imposer des sanctions contre Nord Stream 2 AG et ses dirigeants», a-t-il indiqué dans un communiqué. «Ces mesures font partie de notre première tranche de sanctions en réponse aux actions de la Russie en Ukraine», a souligné le dirigeant américain.
Des sanctions «politiquement motivées» ?
Commentant les multiples trains de sanctions visant le projet gazier russo-allemand, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait déclaré fin 2021 : «C'est devenu un signe des temps, depuis de nombreuses années déjà, qu'un certain nombre d'Etats occidentaux – la plupart des Etats occidentaux, Américains en tête – mettent en œuvre des restrictions unilatérales, politiquement motivées, qui sont introduites pour tout : avec ou sans raison, comme on dit. Et, bien sûr, ce qu'ils font avec Nord Stream 2 en est un exemple flagrant.»
En tout état de cause, les perspectives d'un approvisionnement accru de l'Europe en gaz russe suscitent des crispations de longue date outre Atlantique. Sous Joseph Biden comme sous Donald Trump, l'administration américaine a multiplié les attaques visant à faire capoter Nord Stream 2.
Dans une récente analyse parue sur RT France, l'analyste politique Bruno Guigue a ainsi estimé que la position américaine sur la situation en Ukraine pouvait en partie s'expliquer sur le volet énergétique.« L’objectif poursuivi par Washington est parfaitement transparent. Il s’agit de justifier de nouvelles sanctions contre Moscou, de saboter la mise en place du gazoduc Nord Stream 2 et de ressouder l’Europe autour de l’OTAN sous la direction hégémonique des Etats-Unis», a-t-il écrit.