Economie

La France doit réduire ses dépenses publiques dès 2023, préconise le FMI

Dans un rapport, le Fonds monétaire international invite l'Hexagone à redresser ses finances publiques rapidement. Il propose entre autres de remettre à l'ordre du jour la réforme des retraites pour le quinquennat suivant.

A moins de trois mois de l'élection présidentielle, le Fonds monétaire international (FMI) apporte sa contribution au débat sur l'avenir de la politique budgétaire du pays : dans son dernier rapport consacré à la France, publié le 26 janvier, il estime, dans son jargon habituel, qu'elle devra «rebâtir une capacité budgétaire via un ajustement budgétaire important, mais graduel et soutenable, à partir de 2023».

En clair, les dépenses publiques devront diminuer, le FMI ne se montrant guère persuadé par les projections du gouvernement visant à réduire le déficit à 3% en 2027, alors que la croissance retrouve de la vigueur et que les recettes fiscales ont été meilleures que prévues, comme s'en félicitait le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, auprès des Echos.

«Une reprise économique robuste est amorcée», concède le FMI, qui objecte cependant que la France est peu performante dès qu'il s'agit de tenir des engagements sur le moyen terme : «Les gouvernements successifs ont été excessivement optimistes [...] lors de la prévision des soldes budgétaires à moyen terme, ce qui a souvent conduit à enfreindre des engagements budgétaires pris dans le cadre des règles de l'UE.», tance l'institution.

Un effort plus important sera nécessaire pour contenir durablement la croissance des dépenses

Le FMI juge le rythme annoncé par le gouvernement trop lent et plaide pour sa part en faveur d'une réduction des dépenses afin de réduire le déficit à 2% du PIB d’ici 2026, ce qu’il juge «politiquement faisable». Mais comment atteindre de tels objectifs ? 

La France a pris du retard dans plusieurs dossier, note le FMI, qu'il s'agisse de la réforme des retraites ou des plans initiaux de l'actuel gouvernement visant à réduire de 120 000 le nombre de fonctionnaires, abandonnés en cours de route face à la contestation des Gilets jaunes et des syndicats, ainsi qu'en raison de la pandémie. Reprendre ces réformes «contribuerait à l'assainissement», selon les auteurs, mais, globalement, «un effort plus important sera nécessaire pour contenir durablement la croissance des dépenses».

Ils notent d'ailleurs que «la réforme des retraites reste incertaine compte tenu de l'opposition sociale» qu'elle suscitera, mais qu'elle reste indispensable, affirmant que la France dépense 20% de plus que ses voisins pour les retraites. De la même manière, reprendre l'objectif de diminution du nombre de fonctionnaires nécessiterait de «diviser par deux le taux de remplacement des départs à la retraite» dans la fonction publique. En outre, ils suggèrent de réduire les chevauchements entre les différents niveaux de gouvernement, ce qui «permettrait d'améliorer l'efficacité des services publics tout en générant des économies».

Le FMI se dit de manière générale rassuré par la position des autorités françaises, puisque celles-ci «restent convaincues qu'une réforme du système de retraite doit jouer un rôle clé» dans l'apurement des dépenses. Le Fonds salue aussi le fait que «les autorités [françaises] ont réitéré leur engagement à protéger les fonds publics» et qu'elles partagent son diagnostic quant aux réformes à entreprendre.

Un tour de vis budgétaire au lendemain de la présidentielle ? 

Mais, évoquant en filigrane la campagne présidentielle en cours, les autorités françaises ont précisé aux représentants du FMI que «les réformes structurelles des dépenses» seront mises en œuvre «après l'entrée en fonction d'un nouveau gouvernement». Il paraît en effet difficile d'annoncer un plan d'austérité en pleine campagne électorale, alors que le président sortant n'a toujours pas officialisé sa candidature et a même critiqué les propositions de Valérie Pécresse sur la réduction du nombre de fonctionnaires, après avoir affiché sa volonté en décembre de réformer les critères de Maastricht, à commencer par la fameuse règle qui impose de maintenir le déficit budgétaire en-dessous de 3% du produit intérieur brut. Le FMI a en tout cas clarifié ses attentes : «Certains administrateurs recommandent d’éviter de repousser dans le temps de manière excessive les ajustements» des dépenses publiques, afin de parvenir à un «assainissement de grande envergure».

Enfin, s'il approuve le soutien apporté aux ménages vulnérables face à l'envolée des prix tels que l'indemnité inflation versée par le gouvernement, le Fonds critique le plafonnement du prix du gaz et la réduction des taxes sur l'électricité, qu'il juge mal ciblés. L'institution déconseille «l’adoption de mesures de contrôle des prix sur le long terme», et souhaite que ces dispositifs soient limités dans le temps. Un point sur lequel il a également été rassuré, puisqu'il se réjouit des «garanties données par les autorités quant au caractère provisoire de ces mesures».