Economie

«La France, un partenaire économique clé de la Russie» : Poutine échange avec des patrons français

Le président russe a participé à une réunion avec des dirigeants de grandes entreprises françaises (Total, Michelin, Danone, Auchan, Vinci...) pour évoquer les relations commerciales entre les deux pays, abordant au passage le gazoduc Nord Stream 2.

Le président russe Vladimir Poutine a rencontré ce 29 avril plusieurs dirigeants d'entreprises françaises membres de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe, afin d'évoquer les relations commerciales entre les deux pays. «La France était et reste l'un des partenaires économiques clés de la Russie», a-t-il affirmé au cours de cette réunion en visioconférence.

«Pour ce qui est des investissements directs cumulés dans l’économie russe, elle occupe une place privilégiée parmi les pays de l’Union européenne mais, à mon avis, pas digne de la France : elle est au sixième rang», a-t-il déploré. Ces investissements en capital français en Russie atteignaient 17 milliards de dollars en 2020, tandis que ceux de la Russie en France n'étaient que de 3 milliards de dollars. «Ils auraient pu être plus significatifs si les régulateurs publics français traitaient les entreprises russes de la même manière que la Russie traite les entreprises françaises»a expliqué Vladimir Poutine.

«Pour ce qui est des échanges commerciaux, la France est au cinquième rang», a-t-il détaillé. Ces derniers ont baissé de 14% entre 2019 et 2020, à 13 milliards de dollars, un niveau que le chef de l'Etat russe a jugé «acceptable».

Nord Stream 2, «un projet purement économique qui n’a rien à voir avec la conjoncture politique actuelle»

Cette réunion, qui s'était déjà tenue trois fois depuis 2016 à Moscou, était co-présidée par le patron de Total, Patrick Pouyanné, qui a d'importantes activités en Russie, notamment dans le gaz naturel liquéfié dans l'Arctique. Seize autres dirigeants de groupes français en Russie, dont Air liquide, Auchan, BlaBlaCar, Michelin, Danone, Thales et Vinci, ont participé aux discussions.

Vladimir Poutine a ainsi parlé des projets français en Russie, comme les deux usines de GNL Yamal et Arctic 2, où Total travaille en partenariat avec le russe Novatek, et a également abordé les «spéculations politiques» autour du projet de gazoduc Nord Stream 2, auquel participe le français Engie. «Je voudrais souligner encore une fois que c’est un projet purement économique qui n’a rien à voir avec la conjoncture politique actuelle. Oui, il y a beaucoup de discussions à ce sujet qui, à mon avis, sont prioritairement liées aux tentatives de concurrence déloyale sur le marché européen», a-t-il affirmé.

L'Allemagne travaille de concert avec la Russie sur le projet Nord Stream 2 ; projet auquel les Etats-Unis sont farouchement opposés. La nouvelle administration démocrate a averti ces dernières semaines que «toutes les entités impliquées» dans la construction du gazoduc, dont de nombreuses entreprises allemandes et Engie, seraient sanctionnées par les Etats-Unis si elles n'abandonnaient pas «immédiatement» le projet.

Selon le président du conseil d'administration de Gazprom, la construction devrait toutefois s'achever cette année. Le gazoduc Nord Stream 2 doit doubler la capacité actuelle du premier tronçon du gazoduc Nord Stream (55 milliards de mètres cubes par an), et desservir les marchés allemand et d’autres pays d’Europe. Le pipeline, qui est posé au fond de la mer Baltique, devait initialement être lancé fin 2019.