La dette chinoise admise dans le baromètre mondial des obligations d’Etat
- Avec Reuters
Malgré les réticences japonaises, les emprunts d'Etat chinois vont faire leur entrée dans le CAC 40 mondial de la dette. Mais avec une prévision de 150 milliards de dollars absorbés sur trois ans, les bons du Trésor ne sont pas encore menacés.
Le fournisseur d'indices financiers FTSE a confirmé début avril que les obligations souveraines chinoises seraient incluses dans son indice obligataire phare, le World Government Bond Index (WGBI) à partir de la fin de l'année.
Mais l’intégration se fera progressivement sur une période plus longue que prévu – 36 mois au lieu d’un an, comme FTSE l’avait annoncé précédemment. La filiale de la Bourse de Londres spécialisée dans la création d’index financiers a expliqué à Reuters ce calendrier «plus conservateur» que prévu par la prise en compte des commentaires des acteurs du marché, notamment japonais, préoccupés par le règlement et la liquidité des emprunts chinois.
«La nature des investisseurs [qui suivent le WGBI] est très différente des autres indices», a expliqué Zhanying Li, ex-responsable des ventes chez FTSE. Et d’ajouter : «Il y a une grande base d'investisseurs passifs derrière WGBI [...] Leur préférence était pour une petite augmentation [du volume d’obligations d’Etat chinoises intégrées à l’indice] mensuelle.»
Les investisseurs japonais, y compris le Fonds d’investissement des pensions du gouvernement (GPIF) du Japon, sont en effet les plus gros utilisateurs du WGBI. Or, selon des «analystes» cités par Reuters, l'animosité historique entre la Chine et le Japon a contribué aux inquiétudes concernant les investissements dans les actifs chinois.
«Les pensions publiques sont en fin de compte l'argent des citoyens et certains citoyens peuvent ne pas aimer l'allocation à la Chine», a déclaré une source proche des négociations pour l’inclusion de la Chine dans l’index cité par Reuters. Mais FTSE a tenu à rassurer en soulignant qu’il était en mesure de fournir des variantes personnalisées de l'indice aux investisseurs préoccupés par les investissements dans les CGB. Une perspective étudiée sérieusement par le GPIF qui a déclaré selon l’agence : «Puisqu'il reste encore du temps avant l'inclusion réelle, nous aurons des discussions internes pour étudier comment nous allons y faire face.»
150 milliards de dollars en trois ans
HSBC a déclaré qu'avec environ 2 500 milliards de dollars suivant le WGBI, quelque 150 milliards de dollars de dette souveraine chinoise pourraient être absorbés, compte tenu de la pondération finale de 5,25% de la Chine au rythme d’environ 3,6 milliards de dollars par mois. «D'un point de vue global, cela améliore les statistiques d'inclusion de l'indice – le fait de ne pas avoir le deuxième plus grand pays était un manque», a estimé Binay Chandgothia, gestionnaire de portefeuille chez Principal Global Investors à Hong Kong. «Cela augmentera également un peu le rendement de l’indice», a-t-il ajouté.
La dette de la Chine est déjà de plus en plus appréciée des investisseurs mondiaux, attirés par son rendement et sa relative isolation des mouvements d’autres marchés obligataires. Les investisseurs étrangers détenaient un record de 2 000 milliards de yuans (258,8 milliards d'euros) d'obligations d'Etat chinoises (CGB) en février. Les CGB de référence à 10 ans ont rapporté 3,202% fin mars, contre 1,7419% pour les T-notes, les bons du Trésor des Etats-Unis. Dans sa déclaration, FTSE Russell a également annoncé que l'Inde et l'Arabie saoudite étaient envisagées pour une inclusion potentielle et que la Malaisie n'était plus sur une liste de surveillance pour l'exclusion du WGBI.
Le WGBI est l’indice de référence mondial du marché des obligations d’Etat en monnaie locale. Il comprend les dettes souveraines de 22 pays libellées dans 14 monnaies. Les obligations du Trésor des Etats-Unis représentent actuellement 35,7% de l’ensemble, devant celles d’un groupe de neuf Etats membres de la zone euro – dont la France, l’Allemagne et l’Italie – (34,63%), du Japon (17,35%), et du Royaume-Uni (5,48%). En attendant l’arrivée de la Chine, le reste (6,78%) se répartit entre dix pays : Australie, Canada, Danemark, Israël, Malaisie, Mexique, Norvège, Pologne, Singapour et Suède.