Un PIB positif mais au plus bas depuis plus de 40 ans : la Chine a dégagé une croissance de 2,3% l'an dernier malgré la pandémie de Covid-19, alors que la plupart des grandes économies restent en récession. Premier pays touché par l'épidémie, la Chine a connu au premier trimestre 2020 un repli historique de sa croissance (-6,8%), après des mesures de confinement sans précédent qui ont plombé l'activité.
L'amélioration progressive des conditions sanitaires à partir du printemps a toutefois permis au produit intérieur brut (PIB) de rebondir. Il s'est affiché en hausse de 6,5% sur un an au dernier trimestre, soit son niveau pré-pandémie, a indiqué le 18 janvier 2021 le Bureau national des statistiques (BNS). Pour l'ensemble de l'année 2020, la Chine enregistre 2,3% de croissance.
Il s'agit d'un chiffre supérieur aux prédictions d'analystes sondés par l'AFP (+2%). Mais cette performance est nettement en-dessous des chiffres de 2019, quand la croissance chinoise pointait à 6,1%, déjà à son niveau le plus bas en près de trois décennies. Contrairement à la plupart des autres pays qui devraient annoncer une récession, «l'économie chinoise a connu une trajectoire enviable durant la majeure partie de 2020», estime l'analyste Xiao Chun Xu, de l'agence de notation Moody's.
Une situation néanmoins complexe
La reprise de l'activité en Chine a été particulièrement notable en fin d'année, du fait de «la très forte demande» de l'étranger pour les produits médicaux et le matériel destiné au télétravail (notamment des ordinateurs), souligne pour l'AFP l'analyste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit. En décembre, la production industrielle de l'«atelier du monde» a atteint son taux de croissance le plus élevé de 2020, avec une progression de 7,3% sur un an.
Signe de l'impact de la pandémie, la production industrielle n'a toutefois progressé que de 2,8% sur l'ensemble de l'année, le chiffre le plus faible au moins depuis le début du siècle. Les ventes de détail, principal indicateur de la consommation, ont de leur côté ralenti le mois dernier, avec une progression de 4,6% seulement sur un an, contre 5% en novembre.
L'économie chinoise «a fait face à une situation grave et complexe aussi bien dans le pays qu'à l'étranger [...] du fait notamment des énormes conséquences de l'épidémie» de Covid-19, a reconnu Ning Jizhe, un responsable du Bureau national des statistiques (BNS). Le score de 2,3%, que les économies occidentales peuvent lui envier, est pour la Chine le taux le plus faible depuis la fin de l'ère maoïste en 1976.
Une épidémie largement endiguée
Sur le front de l'emploi, le taux de chômage, mesuré en Chine uniquement dans les zones urbaines, s'est établi en décembre à 5,2% (niveau inchangé par rapport à novembre). Cet indicateur avait atteint en février 2020 le record absolu de 6,2% de la population active urbaine.
La Chine a largement endigué l'épidémie de coronavirus sur son sol grâce à des tests, des confinements, des quarantaines et au suivi des déplacements. La vie a repris un cours quasi normal, à l'exception de nouveaux foyers dans la région limitrophe de Pékin et dans le nord-est du pays, où les autorités ont réimposé de strictes mesures de quarantaine.
Certains secteurs, en particulier les services, restent pénalisés par la peur du virus. C'est le cas de la restauration : les ventes ont accusé une baisse de 16,6% sur l'ensemble de 2020. Et la tendance pourrait bien se poursuivre cette année en cas de dégradation des conditions sanitaires en Chine, prévient l'analyste Ting Lu, de la banque d'affaires Nomura.
Le Fonds monétaire international (FMI) a averti que les conséquences du virus pesaient toujours, en particulier sur la demande intérieure. L'institution a abaissé de 0,3 point sa prévision de croissance pour la Chine cette année, à 7,9%.