Le projet de loi de programmation sur l’aide au développement a été présenté et adopté le 16 décembre en Conseil des ministres. Il établit une augmentation de l’aide de la France aux pays pauvres qui devrait atteindre 0,55 % de la richesse nationale (RNB) en 2022, contre 0,43% en 2019. L'aide passerait ainsi à 14 milliards d'euros en 2022 contre 10,9 milliards en 2019 et 9,5 milliards en 2017. Ce projet était une des promesses de campagne du candidat Macron.
Le président a réuni à cet égard le 17 décembre un «Conseil présidentiel au développement» avec le Premier ministre Jean Castex, plusieurs ministres et les dirigeants de l'Agence Française de Développement, pour redéfinir les objectifs de l'aide. Diagnostiqué positif au Covid-19, le chef de l'Etat a présidé la séance en visioconférence.
«Cet évènement était l'occasion de faire le point sur la trajectoire de l'aide publique au développement de la France et sur les priorités thématiques et sectorielles de l'aide, mais aussi de promouvoir de nouvelles méthodes, en plaçant la recherche, l'innovation, l'évaluation et la redevabilité au cœur de cette politique publique, et en encourageant l'engagement des jeunes dans la solidarité internationale», peut-on notamment lire sur le site de l'Elysée.
Ce Conseil devait plancher sur une réorientation de l'aide vers des solutions structurelles et des modèles plus durables d'un point de vue économique, social et environnemental, en cohérence avec les actions internationales de la France.
Ne pas «laisser les coudées franches» à la Chine en Afrique
La France compte ainsi réformer son aide au développement pour «proposer une autre voie» à ses partenaires en Afrique, face à de nouveaux acteurs comme la Chine, et donner la priorité à des projets sur la santé, l'éducation ou le climat. «Il n'est pas concevable de laisser les coudées franches aux nouveaux acteurs qu'on voit s'engager sur le terrain du développement», a déclaré le 17 décembre le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, à l'issue de ce premier Conseil présidentiel consacré à l'aide au développement.
Il est essentiel qu'on soit au rendez-vous pour proposer une autre voie à nos partenaires
Ces nouveaux acteurs, parmi lesquels la Chine, ont «des méthodes et des intentions telles qu'il est essentiel qu'on soit au rendez-vous pour proposer une autre voie à nos partenaires», a encore souligné Jean-Yves Le Drian. Il a rappelé que l'aide au développement française avait atteint près de 11 milliards à la fin 2019, ce qui avait aussi permis à la France «de revenir dans le jeu après quelques années d'éclipse».
Emmanuel Macron a souligné la volonté de la France «de ne pas se replier» et de «redonner aux pays africains les moyens de venir en aide à leurs populations». Il a ajouté que l'aide humanitaire allait aussi être triplée pour atteindre 500 millions d'euros en 2022.
Un sommet international en mai à Paris sur le financement durable des économies africaines
Jean-Yves Le Drian a annoncé un nouveau fonds d'innovation pour le développement et un «renouvellement de l'offre d'expertise à l'international» avec la mise à contribution des jeunes de la diaspora africaine.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a rappelé qu'après une croissance de 3% en 2019, les pays africains connaîtront une récession de 3% en moyenne en 2020. «La récession aggrave l'endettement public de ces pays bien au-delà de leurs capacités de remboursement et de leurs capacités économiques», alors que pour ces pays «l'endettement a triplé au cours de la dernière décennie», a-t-il souligné. Il a justifié ainsi les décisions prises par Paris comme la suspension du service de la dette pour les nations les plus pauvres, «un moratoire prolongé jusqu'à juin 2021», qui a permis à des pays comme le Cameroun par exemple d'économiser «la moitié de son budget annuel de santé».
Bruno Le Maire s'est également félicité de la mise en place d'un «cadre cohérent et soutenable de restructuration et d'allègement de la dette des pays les plus pauvres», auquel participent tous les Etats du G20 ainsi que les créanciers privés. Et «pour la première fois la Chine y participe», ce qui est «une avancée positive et majeure», a estimé le ministre de l'Economie.
Cette redéfinition de l'aide aux pays pauvres doit déboucher sur un sommet international en mai à Paris sur le financement durable des économies africaines, avec des dirigeants africains et internationaux ainsi que des institutions financières internationales.