Economie

Caricatures de Mahomet : le Medef et le Quai d’Orsay réagissent aux appels au boycott

Geoffroy Roux de Bézieux a lancé un appel aux entreprises françaises à faire le dos rond face aux appels à boycotter leurs produits dans le monde musulman. Le Quai d’Orsay va tenter de défendre la position de la France.

Après un week-end de manifestations et d’appels au boycott des produits français dans plusieurs pays du Moyen-Orient, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux a lancé dans la matinée du 26 octobre sur la radio RMC, un «appel aux entreprises à résister au chantage et malheureusement à subir ce boycott», avant d’ajouter : «Il faut faire passer nos principes avant la possibilité de développer nos affaires[…] on est totalement solidaires du gouvernement français.»

Ces manifestations d’hostilité contre la France dans le monde musulman ont fait suite à de récents propos du président Emmanuel Macron liés à la diffusion de caricatures du prophète Mahomet.

Emmanuel Macron a promis que la France continuerait à en défendre la diffusion publique, au nom de la liberté d'expression, lors de l'hommage national au professeur Samuel Paty, professeur décapité dans un attentat islamiste pour avoir montré ces dessins en classe.

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, «bien sûr c'est une mauvaise nouvelle», mais il a estimé que le boycott était «pour le moment assez localisé» et qu'il n'y avait pour l'instant pas besoin d'une aide publique pour soutenir les entreprises.

Les entreprises de l'agroalimentaire, du luxe et des cosmétiques pourraient être particulièrement touchées dans les pays du Maghreb et du Proche et du Moyen-Orient.

Le ministère des Affaires étrangères a aussi réagi dès le 25 octobre par une déclaration publiée sur son site web :  «Les appels au boycott sont sans aucun objet et doivent cesser immédiatement, de même que toutes les attaques dirigées contre notre pays, instrumentalisées par une minorité radicale.»

Réseaux sociaux 

Le Quai d'Orsay déclare avoir mobilisé le réseau diplomatique français «pour rappeler et expliquer [aux autres pays] les positions de la France en matière de libertés fondamentales et refus de la haine». Paris a aussi demandé aux pays concernés de «se désolidariser de tout appel au boycott ou de toute attaque » contre la France ; d'accompagner les entreprises françaises et d'assurer la sécurité des Français à l'étranger.

Le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester a confié le 25 octobre à l'AFP être «en contact permanent» avec les entreprises françaises concernées par le boycott, dans l'agroalimentaire, citant Bel, Lactalis, et Danone.

Un flot de critiques contre les propos du président français ont été exprimées de la part de dirigeants politiques et religieux, d'élus mais aussi de simples citoyens sur les réseaux sociaux.

Au Qatar, des produits français ont été retirés le 24 octobre au soir des rayons de certains supermarchés à Doha. Sur les réseaux sociaux, les Jordaniens ont lancé une campagne utilisant les hashtags "#OurProphetisaredline" [Notre prophète est une ligne rouge], ou « #FranceBoycott », et publient des vidéos de restaurants et supermarchés où les produits français ont été remplacés par des articles provenant d'autres pays.

Les Taliban ont pour leur part condamné les déclarations du président français dans un communiqué, les qualifiant d’«ignorantes et islamophobes». 

Le ministre délégué au Commerce extérieur a prévu «des temps d'échanges un peu plus longs» avec avec les entreprises et va observer «l'évolution dans les jours qui viennent». Selon lui, les premières conséquences ne sont pour l'instant pas chiffrables.