PSA et FIAT Chrysler négocient leur fusion, le siège du futur groupe serait basé aux Pays-Bas
Quelques mois après l'échec du projet de fusion entre Renault et l'italo-américain Fiat-Chrysler, des négociations ont commencé pour une fusion avec le français PSA. Le gouvernement français a déclaré accueillir «favorablement» ce projet
Le conseil d'administration de PSA a accepté, mercredi soir 30 octobre, le principe d'une alliance avec le groupe italo-américain Fiat-Chrysler (FCA), et a donné son feu vert au président du directoire de PSA, Carlos Tavares, pour lancer des négociations exclusives. Plus tôt dans la journée, les deux groupes qui emploient 400 000 salariés dans le monde avaient confirmé être en pourparlers pour créer le numéro 4 mondial du secteur.
Dès le lendemain, jeudi 30 octobre les deux constructeurs automobiles ont annoncé être tombés d'accord sur le principe d'une «fusion à 50/50 des activités des deux groupes», qui se ferait sans fermeture d'usine. «Les actionnaires des deux groupes détiendraient respectivement 50% du capital de la nouvelle entité et partageraient donc à parts égales les fruits de ce rapprochement», précise un communiqué commun.
Le nouveau conseil d'administration serait composé de onze membres : cinq nommés par Fiat-Chrysler, cinq par PSA, le onzième étant Carlos Tavares, actuel patron du constructeur français qui deviendrait directeur général du nouveau groupe. Celui-ci aurait désormais son siège aux Pays-Bas et serait présidé par John Elkann, l'héritier de la famille Agnelli. «L'importante création de valeur générée par cette opération est estimée à près de 3,7 milliards d’euros de synergies annuelles et progressives», précisent les deux groupes dans un communiqué commun assurant qu' aucune fermeture d'usine n'était prévue.
Force Ouvrière, premier syndicat chez PSA, semble bien accueillir ce projet dans lequel il voit une «dynamique industrielle positive», alors que la CFE-CGC, deuxième syndicat chez le constructeur, retient qu'il n'est «pas prévu de fermeture de site en France».
Le gouvernement français «favorable» mais «vigilant»
Le ministre de l’Economie Bruno Lemaire a déclaré jeudi matin 30 octobre dans un communiqué accueillir «favorablement» le projet de fusion, mais précisé que l'Etat français, actionnaire de PSA, serait «particulièrement vigilant sur la préservation de l'empreinte industrielle en France, la localisation des centres de décision et la confirmation de l’engagement du nouveau groupe sur la création d’une filière industrielle européenne de batteries électriques».
On peut ne pas fermer d'usines mais on peut avoir besoin de réajuster la taille des usines
Sur Europe 1 la secrétaire d'Etat chargée de l’industrie à Bercy, Agnès Pannier-Runacher a estimé que cette fusion renforcerait la solidité du groupe PSA. «Ca met potentiellement PSA à l'abri dans la compétition mondiale et en plus on a deux acteurs très complémentaires puisque Fiat, c'est aussi Chrysler, donc c'est les Etats-Unis», a-t-elle ajouté. Mais à propos de l'emploi, elle n'a pas écarté l’hypothèse d’une réduction des effectifs en déclarant : «On peut ne pas fermer d'usines mais on peut avoir besoin de réajuster la taille des usines.»
La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne s’est quant à elle dite sur France Info préoccupée que «ce groupe ait les moyens d'investir dans la transition énergétique pour faire les véhicules propres de demain ». Mais elle est restée perplexe sur le choix de la localisation du siège social du futur ensemble aux Pays-Bas, déclarant : «Je n'ai pas d'éléments d'explication sur le choix de ce siège.»
Elle a également exprimé des réserves sur la position de Fiat-Chrysler concernant les émissions des véhicules, le groupe italo-américain s'étant élevé contre les normes antipollution en Californie. «Ca n'est pas un bon signal, je sais que PSA est engagé pour proposer des modèles de voitures propres. On compte vraiment sur PSA pour garder cette ligne», a ajouté la ministre.
Numéro 4 mondial derrière Volkswagen, Renault-Nissan-Mitsubishi et Toyota
Le vice-ministre italien de l'Economie Antonio Misiani a estimé «vital de préserver les sites» dans son pays. Il a aussi souligné qu'il y avait un «changement de paradigme sur le marché automobile avec le passage à l'électrique[qui rend] nécessaires de lourds investissements et des regroupements».
Ces discussions reprennent quelques mois seulement après l'échec d'un projet de fusion entre Fiat Chrysler et Renault, numéro un français de l'automobile.
Avec 8,7 millions de véhicules vendus, cette nouvelle entité deviendrait le 4e constructeur automobile mondial derrière Volkswagen, l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et Toyota, et sa valorisation boursière s’élèverait à environ 45 milliards d'euros.
PSA a vendu 3,9 millions de véhicules l'an dernier, pour un chiffre d'affaires de 74 milliards d'euros. FCA a écoulé 4,8 millions de véhicules, pour 110 milliards d'euros. Le couple contrôle les marques Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot et Vauxhall.