Accord UE-Mercosur : embarras au gouvernement pour qui «la France n’est pas prête à ratifier»
Salué par le président de la République Emmanuel Macron, et conspué par le reste de la classe politique, l’accord de libre-échange signé avec le Mercosur embarrasse le gouvernement. Ses membres laissent entendre qu’il pourrait ne pas être ratifié.
«Moi je ne peux pas vous dire que nous allons aujourd’hui ratifier le Mercosur. On va le regarder dans le détail et en fonction de ce détail, nous allons décider», a déclaré Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement sur BFMTV le 2 juillet. «La France pour l’instant n’est pas prête à ratifier», a-t-elle ajouté.
Intervenant en début d'après-midi devant l'Assemblée nationale, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian a pour sa part affirmé que la France avait défini «des lignes rouges fermes» et ajouté : «On nous dit qu'elles sont prises en compte, il ne suffit de déclaratif, il nous faut des actes».
Mais c’est surtout l’attitude du président brésilien face à l’accord de Paris qui semble gêner le locataire du quai d’Orsay. Ce dernier a en effet précisé : «Et quand je vois que sur l'accord de Paris, il y a un revirement considérable du président brésilien, on demande à ce que ce soit concrétisé dans des orientations précises. Nous demandons à voir.»
En effet, le président Jair Bolsonaro qui lors de sa prise de fonction avait émis des réserves sur l’accord de Paris sur le climat, a fini par s’engager à le respecter pour obtenir la signature de ce traité commercial très favorable à son pays. Toutefois, les associations de protection de l’environnement doutent de sa bonne volonté. En quelques mois, le Brésil a homologué 239 pesticides classés toxiques pour la santé et l’environnement.
A l’assemblée, Jean-Yves Le Drian a également assuré que le Parlement n’aurait à se prononcer «qu'après qu'il y ait une étude indépendante d'impact qui soit menée de manière complète et transparente». Le texte devra aussi être approuvé par les Parlements des pays signataires et en Europe par plusieurs parlements régionaux en plus des parlements nationaux, soit en tout 38 signatures. Toutefois, l’accord du Parlement européen suffira, comme dans le cas du CETA a faire entrer le traité en vigueur de façon temporaire.
#Européennes 🇪🇺 : les Jeunes agriculteurs et la #FNSEA soumettent les candidats à la question#Agriculture#Europeennes2019@JeunesAgri@FNSEA
— RT France (@RTenfrancais) 15 mai 2019
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Doutes jusque dans les rangs de La République en marche
Mais pour l'eurodéputé Pascal Canfin, numéro 2 sur la liste Renaissance (LREM/MoDem) aux élections européennes, cité par l’AFP le vote des eurodéputés En Marche en faveur de l'accord «n'est pas acquis». EELV et le Rassemblement national ont aussi fustigé le texte, et Les Républicains ont déploré «un mauvais accord» par la voix du député Guillaume Larrivé, qui a évoqué sur Radio Classique une «horreur écologique» doublée d' «une erreur économique», car selon lui «cet accord va faire beaucoup de perdants».
Je pense qu’on ne peut pas faire des grandes déclarations sur l’environnement et dès le lendemain des élections signer des accords de libre-échange. Ces gens sont des écologistes en peau de lapin
Pour Ian Brossat, ex-tête de liste PCF aux européennes, interrogé sur RFI, ce dossier pose une question de société : «Est-ce que notre horizon c'est de faire traverser des océans à de la viande ?»
Une allusion aux importations massives de viande en provenance d’Amérique du Sud attendues de cet accord. Indigné comme beaucoup d’autres personnalités politiques françaises par la signature de cet accord juste après les élections européennes, Ian Brossat visant le président a français a asséné : «Je pense qu’on ne peut pas faire des grandes déclarations sur l’environnement et dès le lendemain des élections signer des accords de libre-échange. Ces gens sont des écologistes en peau de lapin.»
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