Economie

Voitures, alcool, tabac... La Turquie fait flamber les taxes sur ses importations américaines

Moins d'une semaine après l'annonce du doublement des tarifs douaniers américains sur l'acier et l'aluminium turcs, le vice-président de Turquie a dévoilé de nouvelles taxes décidées par Ankara sur les importations en provenance des Etats-Unis.

Au lendemain de l'annonce du boycott turc des appareils électroniques américains par le président Erdogan, Ankara a révélé ce 15 août les nouveaux tarifs douaniers destinés à être appliquées sur de nombreuses importations américaines.

60%, 120%, 140%... des représailles douanières agressives

Parmi les importations visées par des taxes turques revues à la hausse, figurent notamment les véhicules de tourisme, dont la taxation douanière s'élève désormais à 120%, mais aussi certaines boissons alcoolisées pour lesquelles elle passe à 140%, ou encore le tabac qui est désormais taxé à hauteur de 60%. La Turquie a également adopté de nouveaux tarifs douaniers concernant des produits alimentaires comme le riz et certains produits cosmétiques.

Fuat Oktay, vice-président turc, a expliqué que ces mesures douanières correspondaient à un acte de «représailles» après les «attaques délibérées de l'administration américaine sur l'économie [turque]».

De fait, ces mesures interviennent moins d'une semaine après l'annonce par Donald Trump d'une forte augmentation des taxes américaines à l'importation sur l'acier et l'aluminium turcs. Le président américain avait notamment affirmé dans un tweet datant du 10 août : «Je viens d'autoriser un doublement des taxes sur l'acier et l'aluminium turcs alors que leur monnaie chute rapidement comparé face à notre dollar très fort ! L'aluminium sera maintenant taxé à hauteur de 20% et l'acier à hauteur de 50%. Nos relations avec la Turquie ne sont pas bonnes en ce moment !»

Au-delà d'une guerre économique, une confrontation politique ?

Les relations turco-américaines se sont particulièrement dégradées depuis le refus d'Ankara, le 31 juillet 2018, de lever l'assignation à résidence en Turquie d'Andrew Brunson, un pasteur américain accusé par les autorités turques d'espionnage et d'activités terroristes. En réponse, Washington a imposé des sanctions contre deux ministres turcs, après quoi Ankara a pris des mesures similaires.

En témoigne cette dégradation des relations diplomatiques entre les deux pays : l'AFP expliquait ce 14 août 2018 que le chef d'Etat turc avait prévenu l'administration américaine qu'elle pourrait être poussée à trouver «de nouveaux amis et de nouveaux alliés».

L'agence de presse rapportait par ailleurs que, selon des documents publiés par des médias américains, un groupe d'avocats proches du gouvernement turc avait récemment déposé une motion devant le tribunal d'Adana, ville la plus proche de la base militaire d'Incirlik, pour demander l'arrestation d'officiers américains accusés d'avoir participé au putsch manqué de juillet 2016. Cet épisode est loin d'être anecdotique au vu des enjeux stratégiques liés à la base d'Incirlik, qui accueille non seulement des éléments de Forces aériennes armées américaines en Europe servant de soutien aux opérations de l'OTAN, mais aussi des bombes nucléaires américaines. 

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