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La Turquie menace de cesser de prêter la base d'Incirlik à la coalition américaine contre Daesh

Deux ministres turcs ont ouvertement menacé la coalition américaine de lui couper l'accès à la base d'Incirlik si les avions de combat occidentaux n'apportaient pas de soutien aérien aux troupes turques engagées contre Daesh en Syrie.

«Nous avons autorisé les avions américains, mais aussi d'autres pays, à utiliser la base d'Incirlik pour combattre [Daesh]», a indiqué le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu le 4 janvier. «Quel but poursuivez-vous si vous n'apportez pas de soutien aérien contre Daesh lors de nos opérations les plus importantes ?», a-t-il demandé.  

La coalition a refusé d'appuyer l'opération turque «Bouclier de l'Euphrate», menant ainsi, selon les mots du ministre, à une «crise de confiance». 

Ces propos ont été appuyés par le ministre de la Défense, Fikri Isik. «Ceci déçoit sérieusement l'opinion publique turque. [...] Nous le disons à nos alliés, cela pose des questions concernant Incirlik», a-t-il affirmé. 

Mevlüt Cavusoglu a aussi reproché aux Etats-Unis leur attitude face aux demandes de son pays pour le retrait des troupes Kurdes de la région de Manbij. «En donnant des armes au YPG [Unités de protection du peuple kurde], les Etats-Unis préfèrent une organisation terroriste à leur allié», a ainsi déclaré le ministre. 

Ces accusations font écho aux propos de Recep Tayyip Erdogan à la fin du mois de décembre. Le président turc avait alors accusé Washington de «soutenir des organisations terroristes», mais de ne pas aider la Turquie, pourtant membre de l'Alliance atlantique. 

En réaction, la coalition s'est dit prête à soutenir les opérations turques dans le nord de la Syrie, sans préciser de quelle manière.

Incirlik a «une valeur inestimable» pour les opérations de la coalition contre l'Etat islamique, a ainsi souligné le colonel John Dorrian, un porte-parole militaire de la coalition. 

Le 24 août 2016, la Turquie a lancé l'opération militaire «Bouclier de l'Euphrate» dans le nord de la Syrie. Elle vise deux groupes considérés par Ankara comme «terroristes» : l'Etat islamique et les forces armées kurdes de l'YPG, alliées de Washington dans la lutte contre les djihadistes. 

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