Emmanuel Macron annonce la suppression de l'«exit tax» pour les exilés fiscaux
«Je ne veux pas d’"exit tax"» : interrogé par le magazine américain Forbes, Emmanuel Macron a confirmé vouloir supprimer une mesure mise en place par Nicolas Sarkozy en 2011. Cette dernière se voulait pourtant un rempart contre l'évasion fiscale.
Le 1er mai, le magazine économique américain Forbes a publié sur son site une interview avec le président Emmanuel Macron. Alors que l’entretien porte principalement sur les réformes souhaitées par le locataire de l’Elysée, le journaliste a particulièrement insisté sur l’une d’entre elles : la suppression de l’«exit tax». La mesure, prise durant le mandat de Nicolas Sarkozy, affichait l’objectif de lutter contre l’exil fiscal en taxant les contribuables transférant leur domicile fiscal à l’étranger. Après la suppression de l'ISF, annoncée en début de mandat, Emmanuel Macron se prépare donc à porter un deuxième coup à la fiscalité française.
L’«exit tax», un frein à la «start-up nation»?
Alors que le journaliste déplore qu’une telle disposition puisse dissuader les entreprises étrangères d’investir en France, Emmanuel Macron, conciliant, affirme que «c'est une très bonne remarque». «L’"exit tax" envoie un message négatif aux entrepreneurs français plus qu’aux investisseurs», développe-t-il. Et le locataire de l’Elysée d'ajouter : «Vous êtes pénalisés si vous partez […] c'est une grosse erreur pour nos propres start-up».
Emmanuel Macron développe un argumentaire articulé autour de l'idée de «start-up nation» : «Beaucoup [de nos startups] dans le passé, quand elles considéraient que la France était moins attrayante, ont décidé de redémarrer leurs projets à l'étranger, afin d'éviter cette taxe.»
Probablement convaincu par cette démonstration, le journaliste s'interroge : «Vous voulez baisser [cette taxe] ou la supprimer entièrement ?» Catégorique, le chef d’Etat français rassure son interlocuteur : «Je ne veux pas d'"exit tax". Cela n'a pas de sens. Les gens sont libres d'investir où ils veulent.»
Au #FMI, on applaudit les coupes budgétaires et la réforme du #CodeDuTravailhttps://t.co/GXShKPv6IT
— RT France (@RTenfrancais) 18 juillet 2017
Par ailleurs, pour Emmanuel Macron, l'"exit tax" «n'est pas particulièrement bon[ne] pour les finances publiques françaises». Pourtant, le rendement de cet outil fiscal est plutôt élevé. Selon une note publiée en janvier 2018 par le conseil des prélèvements obligatoires, il a rapporté, en 2016, la somme de 803 millions d'euros. Un chiffre que le président français, qualifié par Forbes de «leader des marchés libres», semble ne pas avoir pris en compte dans sa démonstration.
Une annonce qui crée des remous
L'annonce inopinée du président suscite plusieurs réactions de défiance. La fiscaliste Virginie Pradel affirme par exemple que le projet du chef d'Etat français «n'a rien à voir avec la promotion de l'entrepreneuriat».
🔵 Supprimer l'#ExitTax n'a rien à voir avec la promotion de l'entreprenariat. Les Etats-Unis et l'Allemagne, pays d'entrepreneurs, sanctionnent + lourdement que la France l'expatriation fiscale des personnes physiques ! 🔵
— Virginie Pradel (@VirginiePradel) 2 mai 2018
Quant aux réactions politiques hostiles, à gauche comme à droite, elles n'ont pas tardé à se faire entendre. Sur son compte Twitter, La France insoumise a dénoncé «un nouveau cadeau aux riches»
#EvasionFiscale#ExitTax Macron annonce la fin d'un dispositif de lutte contre l'exil fiscal qui permet de taxer les entrepreneurs qui transfèrent leur foyer fiscal à l'étranger. Après l’#ISF et la #FlatTax, encore un nouveau cadeau du #PrésidentDesRicheshttps://t.co/dwohDs13zx
— La France insoumise (@FranceInsoumise) 2 mai 2018
De son côté, le porte-parole du Front national Sébastien Chenu y voit la preuve qu'Emmanuel Macron «reste un banquier au service de ses très riches clients»
Finalement @EmmanuelMacron reste un banquier au service de ses très riches clients et non un Président au service des français #ExitTaxe
— Sébastien Chenu (@sebchenu) May 2, 2018
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s'indigne également : «Même l'évasion fiscale n'est plus découragée.»
En décembre la fin de l’ISF et la flat tax devaient servir l’investissement en France. Qui croira encore à cette fable? Même l’évasion fiscale n’est plus découragée !
— Olivier Faure (@faureolivier) 2 mai 2018
Macron veut supprimer "l'exit tax" créée pour limiter l'évasion fiscale https://t.co/jUoLrwmlPD