Economie

Macron en Chine : une visite bien moins diplomatique que commerciale

Emmanuel Macron part en tournée commerciale pour deux jours en Chine. Il rencontrera Xi Jinping pour discuter des grands enjeux diplomatiques du moment, mais il tentera également de sécuriser 50 contrats pour la France... Un défi difficile.

Emmanuel Macron est en Chine du 8 au 10 janvier pour une visite à deux enjeux : d'une part un enjeu diplomatique, avec les sujets du climat, de la Corée du Nord et du terrorisme, de l'autre un enjeu commercial, avec des signatures de contrat très attendues pour les entreprises françaises ; une cinquantaine d'entre elles, telles que Areva ou Airbus, attendent des retombées juteuses de ce voyage présidentiel.

L'avionneur discuterait de la vente d'au moins une centaine d'appareils selon l'agence Reuters. Dans le secteur du nucléaire, la France espère un contrat pour Areva qui construirait la première usine de retraitement de combustible. 10 milliards d'euros seraient à la clé pour l'entreprise française. Même défi pour le président du groupe EDF, Jean-Bernard Lévy, qui accompagne Emmanuel Macron pour ce déplacement dans la République démocratique populaire. L'électricien français est déjà présent en Chine et y construit actuellement deux réacteurs EPR.

Les groupes AccorHotels, LVMH, Safran, Dassault systèmes et BNP Paribas font également partie des entreprises concernées par la cinquantaine d'accords commerciaux escomptés. Le président de la République française veut également mettre l'accent sur la French tech et quelques start-ups françaises seraient aussi du voyage.

Pour la partie diplomatique, la crise de la Corée du Nord figure au programme des discussions qu'Emmanuel Macron mènera avec son homologue chinois, Xi Jinping, ainsi que le réchauffement climatique et la stratégie antiterroriste. Le président français souhaiterait aussi associer la Chine à l'effort militaire de la mission du G5 Sahel.

La France compte peu pour les Chinois

Emmanuel Macron a commencé sa visite par Xi'An où il visite la célèbre armée enterrée de l'empereur Qinshi Huangdi et qui s'apprête à offrir un cheval de la Garde républicaine à Xi Jinping. Ce début de voyage est donc placé sous le signe des symboles et de la culture. Peut-être est-ce d'ailleurs l'essentiel de ce que Paris peut prétendre incarner aux yeux de Pékin.

Selon le spécialiste de la Chine Jean-Louis Rocca, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI), interrogé par France 24, la visite du président français n'est «pas vraiment» attendue en Chine. En effet,  «les pays qui comptent» pour l'empire du milieu sont surtout «les Etats-Unis, la Russie, le Japon et, dans le contexte actuel, la Corée du Nord». La France représenterait davantage une carte postale bucolique pour les Chinois : «[La France, c'est] l’art de vivre avec les parfums, la mode, le romantisme… En revanche, elle n’est pas perçue comme un partenaire particulièrement important politiquement. Même en Europe, l’Allemagne est davantage prise au sérieux», explique-t-il.

Emmanuel Macron ne renonce toutefois pas à l'optimisme. Le président français a souligné qu'il reviendrait «au moins une fois par an» en Chine, pour créer «de la confiance». Pour tenter de créer un lien privilégié entre Paris et Pékin, le chef de l'Etat a ainsi décidé de miser sur les Accords de Paris et de flatter son homologue Xi Jinping lors d'un discours tenu devant un millier de personnes. «Je vous le dis très sincèrement, si la Chine l'année dernière en avait décidé différemment, l'Accord de Paris n'aurait sans doute pas survécu, et nous devons beaucoup à la décision de la Chine de rester dans le cadre de celui-ci», a-t-il déclaré. «La Chine s'est engagée, elle a tenu parole, jusque dans l'adversité», a-t-il insisté, évoquant sans la citer la décision des Etats-Unis de se retirer de cet accord.

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