Les divergences idéologiques entre la Russie et les Etats-Unis sur les dynamiques géopolitiques du monde ne sont un secret pour personne. Elles viennent de connaître un nouvel épisode public suite à la publication par la Maison Blanche d'un rapport sur la stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis – qui place Pékin et Moscou en tête des menaces – auquel le Kremlin a vivement réagi ce 19 décembre.
«Le caractère impérialiste de ce document est évident, tout comme le refus [de Washington] de renoncer à un monde unipolaire, un refus insistant», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en maintenant que les autorités russes ne pouvaient pas accepter d'être traitées «comme une menace à la sécurité des Etats-Unis».
Malgré tout, le porte-parole du Kremlin a tenu à souligner les «modestes points positifs» du document, citant notamment le passage sur «la volonté [de Washington] de coopérer avec la Russie dans les domaines où cela correspond aux intérêts des Américains». «Cela correspond à notre approche aussi, puisque Moscou cherche à coopérer avec les Etats-Unis là où cela nous est avantageux», a expliqué Dmitri Peskov.
Mis au même titre que Moscou sur le banc des accusés, Pékin a également contesté le bien-fondé de la vision américaine. «Nous exhortons les Etats-Unis à ne pas déformer intentionnellement les intentions stratégiques de la Chine et à abandonner les notions obsolètes telles que la mentalité de guerre froide et le jeu à somme nulle [où le gain de l'un constitue obligatoirement une perte pour l'autre]», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying. Et d'adresser un message en forme d'avertissement : «Sinon cela nuira seulement à [Washington] ou à d'autres.»
Le 18 décembre, Donald Trump a dévoilé dans un document la nouvelle stratégie des Etats-Unis, établie autour de quatre «piliers» : protéger le territoire, promouvoir la prospérité américaine, préserver la «paix par la force» et faire progresser l'influence américaine. Parmi les menaces pesant sur les Etats-Unis, sont placées en tête de liste les «puissances révisionnistes [remettant en cause le système international actuel], comme la Chine ou la Russie», deux pays qui chercheraient, à «former un monde antithétique aux intérêts et valeurs [des Etats-Unis]». Viennent ensuite les dictateurs régionaux, les terroristes djihadistes, puis les organisations criminelles transnationales.