«Nous estimons qu'il est inacceptable qu'une loi [américaine] puisse demander aux Européens de renoncer au gaz russe pour nous vendre du [gaz] américain à la place, à un prix bien plus élevé», a lancé le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel le 29 juin, en visite officielle en Russie, rapporte le quotidien allemand Handeslbatt.
Le chef de la diplomatie allemande évoquait les nouvelles sanctions contre la Russie adoptées par le Sénat américain à la mi-juin, et notamment un amendement cité par Bloomberg, qui précise : «Le gouvernement des États-Unis devrait donner la priorité à l'exportation de ressources énergétiques [américaines] afin de créer des emplois américains, aider les alliés et les partenaires des États-Unis et renforcer la politique étrangère [américaine].»
Des entreprises européennes victimes collatérales ?
Ce texte, qui nécessite l'approbation de la Chambre des représentants et la signature du président américain pour pouvoir entrer en vigueur, a été initialement présenté comme un amendement à une loi américaine imposant des sanctions contre l'Iran.
Mais il va en fait plus loin, menaçant les entreprises européennes associées avec des sociétés russes de pétrole et de gaz. Aussi, la participation d'entreprises européennes majeures du secteur énergétique, comme BASF, Shell, Engie, OMV, Wintershall ou encore Uniper, dont le projet de gazoduc Nord Stream 2 pourrait en être affecté.
Cet amendement controversé a provoqué une vague d'indignation au sein de l'Union européenne, et en particulier en Allemagne, principal bénéficiaire de Nord Stream 2. Un porte-parole du gouvernement allemand, cité par Reuters n'a pas hésité à le qualifier de «curieuse manœuvre», le 16 juin dernier.
En outre, un communiqué commun signé le 15 juin par le chancelier autrichien et le ministre allemand des Affaires étrangères a précisé : «L'approvisionnement énergétique de l'Europe est une question européenne qui ne concerne en rien les Etats-Unis d'Amérique. C'est à nous [les pays européens] et non aux Etats-Unis de décider de qui nous livre notre énergie et de quelle façon.»
Cité par l'agence RIA Novosti, Sigmar Gabriel a également assuré, durant sa visite en Russie le 29 juin, que Berlin était bien déterminé à «ouvrir un nouveau chapitre positif de l'histoire des relations [entre la Russie et l'Allemagne]». Il a ensuite ajouté : «Nous avons des différences en termes de valeurs politiques, mais nous ne devons pas abandonner la coopération entre nos sociétés.»
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