Economie

Usine Alstom de Belfort : Pierre Gattaz dénonce une «posture» du gouvernement

Concernant Alstom, le numéro un du Medef a dénoncé une «posture» du gouvernement. Selon lui, le groupe a «tiré la sonnette d'alarme depuis des années» sur la situation de l'usine de Belfort et mis en garde contre l'effet de «commandes artificielles».

«Je suis choqué de voir les cris d'orfraie sur le sujet», a déclaré Pierre Gattaz lors de sa conférence de presse mensuelle. «Je crois savoir qu'Alstom, notamment à Belfort, a tiré la sonnette d'alarme depuis des années», a-t-il souligné.

«Nos politiques font semblant de découvrir qu'il y a un problème», a-t-il poursuivi. «Posture, je dirais "jeu de rôle", "comédie"», a-t-il ajouté. 

«J'attends que le gouvernement soutienne, accompagne les entreprises françaises dans leur attractivité, leur compétitivité en France», a ajouté le patron des patrons, qui a appelé une nouvelle fois à une fiscalité et un marché du travail plus compétitifs pour faire venir «davantage d'investisseurs» dans l'Hexagone.

Par ailleurs, «il faut accompagner nos salariés dans l'emploi, dans leur formation permanente, dans leur mobilité», a-t-il estimé.

Pierre Gattaz a par ailleurs mis en garde contre la tentation de passer au groupe des «commandes artificielles» pour permettre au site de Belfort de maintenir ses emplois.«Vous avez deux types de commandes : des commandes dont vous avez vraiment besoin et là bravo, [...] ou alors des commandes artificiellement créées, et là c'est catastrophique», a déclaré le président de la principale organisation patronale française.

L'homme fort du patronat français a également prévenu que pousser la SNCF à passer commande à Alstom risquait de poser un «petit problème juridique», Pierre Gattaz observant que cela se traduirait aussi par «des impôts supplémentaires» pour les Français. 

L'Etat n'était pas au courant des problèmes d'Alstom

Le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue, a pour sa part assuré que l'Etat n'avait pas été «informé du tout» de la volonté d'Alstom d'arrêter la production ferroviaire sur son site de Belfort, ce qui constitue à ses yeux une «faute».

«A l'évidence, l'ensemble des acteurs économiques et politiques connaissent la difficulté du carnet de commandes d'Alstom», a-t-il déclaré sur LCI.

«Ce dont nous n'étions pas informés du tout, c'est de la proposition formulée par le PDG d'Alstom qui aboutit à la fermeture du site de Belfort», a ajouté Christophe Sirugue. L'Etat n'était pas au courant «pour une raison assez simple, c'est que le PDG n'a pas donné cette information devant les instances normales de l'entreprise, c'est-à-dire devant le conseil d'administration», dans lequel siège un représentant de l'Etat, a-t-il remarqué. 

«C'est une faute qui a justifié que nous puissions demander au PDG d'Alstom de venir à Bercy, de nous expliquer ce qui s'était passé, de lui dire très clairement que nous trouvions ce procédé tout à fait scandaleux», s'est-il défendu.

Le constructeur ferroviaire, Alstom, confronté à une pénurie de commandes en France, a annoncé l'arrêt de la production de locomotives à Belfort, site qui sera «transféré» à Reichshoffen, en Alsace, d'ici à 2018. Cette décision menace plus de 400 emplois. 

François Hollande a fixé comme «objectif», le 12 septembre, le maintien de la production à Belfort et a demandé au gouvernement de se «mobiliser pour qu'il y ait plus de commandes».

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