Condamnations de la Deutsche Bank : un lanceur d'alerte refuse des millions de dollars de récompense
Eric Ben-Artzi a refusé de toucher sa part des quelque 16,5 millions de dollars de récompense. Ses informations avaient permis au gendarme de la Bourse américain, la SEC, de condamner la banque pour manipulation de ses comptes.
«Je viens d'apprendre de la SEC que je vais recevoir la moitié de la récompense de 16,5 millions de dollars. Mais je refuse de prendre ma part», a déclaré Eric Ben-Artzi. L'ancien cadre de la filiale de la Deutsche Bank aux Etats-Unis qui avait révélé des irrégularités de la banque, a tout simplement refusé la coquette somme de 8,5 millions de dollars de récompense dans le cadre du programme de récompense de la Securities and Exchange Commission (SEC). Ce programme accorde en effet à chaque lanceur d'alerte entre 10% et 30% des amendes infligées aux institutions financières et sociétés cotées en Bourse.
Les informations de Ben-Artzi et celles données par un autre ex-trader de la Deutsche Bank avaient permis de faire condamner cette dernière à 55 millions de dollars d'amende. Au plus fort de la crise financière qui avait éclaté en 2008, la banque avait volontairement omis de provisionner comme il se doit les pertes éventuelles sur un porte-feuille de produits financiers dérivés hautement volatiles d'une valeur de 130 milliards de dollars.
Relations incestueuses entre la SEC et la Deutsche Bank
En refusant d'empocher la récompense, Ben-Artzi entend dénoncer le fait que l'amende a été infligée aux actionnaires et non aux cadres de la banques impliqués dans la fraude. Le lanceur d'alerte a également révélé les relations incestueuses entre la SEC et la Deutsche Bank, pointant le «pantouflage» de certains cadres qui travaillent alternativement pour le gendarme américain de la Bourse et la banque. Une pratique qui, selon le lanceur d'alerte, explique que les responsables de l'établissement, en tant que personnes, ont été épargnés, laissant l'amende à la seule charge des actionnaires.
Le géant bancaire encore et toujours dans la tourmente
Le feuilleton judiciaire continue pour la Deutsche Bank impliquée dans plus de 6 000 contentieux et condamnée en 2015 à une amende de 2,5 milliards de dollar pour avoir – comme d'autres banques telles qu'UBS ou Barclays – manipulé le taux de compensation interbancaire du Libor sur la place financière de Londres.
En pleine restructuration, le géant bancaire allemand prévoit de supprimer plus de 9 000 postes dans le monde d'ici à 2020.