L’UE envisage de réduire les importations de sucre ukrainien sous la pression des agriculteurs européens

Face aux protestations des producteurs européens, la Commission européenne prévoit de réduire les importations de sucre ukrainien. L'afflux de sucre bon marché en provenance d’Ukraine a entraîné une chute des prix, mettant en difficulté les agriculteurs de l’UE.

La Commission européenne envisage de réduire de manière significative les importations de sucre ukrainien, selon Reuters, qui cite ce 20 mars plusieurs sources proches du dossier. Cette décision intervient après les plaintes des producteurs de l’UE, confrontés à une baisse des prix en raison des livraisons massives de sucre ukrainien sur le marché européen.

Depuis 2022, l’Union européenne avait ouvert ses frontières aux produits agricoles ukrainiens, supprimant les quotas et les droits de douane dans le cadre d’un soutien à Kiev après le début du conflit. Toutefois, cette politique a rapidement suscité un vif mécontentement parmi les agriculteurs européens, qui dénoncent une concurrence déloyale et des pertes importantes. Selon Reuters, les importations de sucre ukrainien ont explosé, passant de 400 000 tonnes en 2022-2023 à plus de 500 000 tonnes en 2023-2024, bien au-delà du quota de 20 000 tonnes fixé avant la guerre.

Le commissaire européen à l’agriculture, Christoph Hansen, a évoqué cette réduction des importations lors du Salon de l’agriculture de Paris, fin février.  Selon des sources citées par Reuters, il a confirmé que les importations de sucre ukrainien seraient «bien inférieures» aux niveaux actuels, sans préciser l’ampleur exacte de la baisse. Il aurait également indiqué que d'autres produits agricoles ukrainiens, notamment les céréales, pourraient être concernés par de nouvelles restrictions.

La colère des agriculteurs européens ne cesse de croître. En juillet dernier, face aux protestations, Bruxelles avait déjà réintroduit un quota d’importation de 262 650 tonnes de sucre ukrainien. Une fois ce quota atteint, les exportations de sucre ukrainien vers l’UE avaient été suspendues, forçant Kiev à chercher d’autres débouchés, notamment en Turquie.

Les autorités ukrainiennes ont pour l’instant refusé de commenter la situation. Le vice-ministre de l’Économie, Taras Kachka, a déclaré qu’il espérait un «accord agricole équitable» avec Bruxelles, tout en affirmant que l’Ukraine restait «aussi flexible que possible» dans ces négociations.

La Commission européenne, de son côté, a reconnu être consciente des préoccupations des agriculteurs et des États membres, mais elle n’a pas donné davantage de détails sur les mesures envisagées. En attendant une décision officielle, le mécontentement des producteurs européens continue de peser sur les discussions entre Bruxelles et Kiev.