Maroc : alerte maximale dans les aéroports sur fond de renseignements européens
Alertées par les Européens de l’existence de réseaux organisés de trafic et de blanchiment d’argent, les autorités marocaines ont renforcé, le 5 décembre, les contrôles dans les principaux aéroports du Royaume. Les douanes et l'Office des changes ont mis en place un dispositif exceptionnel ciblant les flux de voyageurs et de devises.
À l’approche des vacances de fin d’année, les services de contrôle marocains ont relevé, le 5 décembre, leur niveau d’alerte dans les aéroports du pays. L’Administration des douanes et l’Office des changes ont déclenché un plan de vigilance renforcé à la suite d’informations transmises par leurs homologues européens, notamment espagnols, faisant état de réseaux structurés spécialisés dans le trafic et le blanchiment de fonds.
Selon des sources informées, les autorités espagnoles ont partagé une liste de plus de 17 personnes soupçonnées d’activités illicites en Europe. Parmi elles figureraient des ressortissants marocains et des binationaux, utilisant le Maroc comme point de départ ou zone de transit pour déplacer d’importantes sommes en devises. Ces réseaux seraient parfois liés à des opérateurs économiques actifs dans le secteur de l’import-export.
Contrôles renforcés sur les voyageurs et les biens de valeur
Face à ces alertes, les douanes et l’Office des changes ont intensifié leur coordination, en particulier autour des bureaux de change, des déclarations de sommes transportées et des flux de voyageurs à l’arrivée comme au départ. Une attention particulière est portée aux transports d’or, de bijoux et de montres de luxe, soupçonnés d’être utilisés pour contourner les règles de déclaration des devises.
Dans les prochains jours, certains passagers feront l’objet d’inspections approfondies. Les agents examineront notamment l’authenticité des documents présentés — titres de propriété, factures de joaillerie ou pièces de luxe — afin de vérifier la cohérence entre les déclarations et la valeur réelle des biens transportés, conformément à la réglementation en vigueur.
Sanctions durcies et suivi bancaire accru
Parallèlement, l’Office des changes entend appliquer avec plus de rigueur les sanctions prévues par la loi en cas de non-déclaration ou de trafic de devises. Celles-ci peuvent aller jusqu’à des amendes équivalentes à six fois les montants en cause, assorties de peines de prison allant de trois mois à cinq ans.
La réglementation impose par ailleurs le rapatriement des avoirs constitués à l’étranger et leur conversion en dirhams, dans un objectif de préservation des réserves nationales en devises et de stabilité des échanges extérieurs.
Les services de contrôle s’appuient également sur leurs propres dispositifs d’analyse des risques, qui font état d’une recrudescence des tentatives de sortie illégale de capitaux en fin d’année. Sont notamment visées les déclarations inexactes concernant l’allocation touristique annuelle, fixée à 100 000 dirhams — avec des majorations possibles sous conditions — ainsi que les dépenses médicales ou de scolarité à l’étranger, qui ne sont pas plafonnées.
Enfin, dans un volet préventif, l’Office des changes a sollicité la coopération des établissements bancaires afin d’obtenir des informations détaillées sur les mouvements de comptes en devises et les transferts liés aux personnes identifiées comme à risque.