L'Eswatini confirme avoir reçu plus de 5 millions de dollars des États-Unis pour l’accueil de migrants expulsés
© Getty Images / Naeblys; AP PhotoAu moins 15 migrants, originaires de pays tiers, ont été déportés vers ce pays d'Afrique australe depuis juillet, dans le cadre d'un accord bilatéral controversé. Les États-Unis ont établi des accords similaires avec plusieurs pays africains.
Le gouvernement de l’Eswatini a confirmé avoir reçu de Washington un montant de 5,1 millions de dollars en échange de l'accueil de migrants expulsés des États-Unis qui n'ont pourtant aucun lien avec ce pays d'Afrique australe.
Le ministre des Finances du pays, Neal Rijkenberg, a déclaré le 17 novembre aux législateurs que ces fonds s'inscrivaient dans le cadre d'un accord bilatéral signé en mai dernier. En septembre, l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch avait indiqué que le gouvernement de l'Eswatini avait accepté d'accueillir jusqu'à 160 « ressortissants de pays tiers » expulsés des États-Unis et d'utiliser cet argent pour « renforcer ses capacités de gestion des frontières et des migrations ».
Le ministère des Finances maintenu à l’écart de la transaction
En réponse à une question posée au Parlement portant sur cet accord, Neal Rijkenberg a affirmé que le ministère des Finances n'avait pas été informé de la situation tout au long du processus, rapporte l'AFP.
« On nous a dit que c'était pour les personnes expulsées des États-Unis après demande de renseignement », a-t-il déclaré, d'après l'agence de presse française.
Le ministre a également déclaré à Reuters le 18 novembre que la transaction avait été traitée par le cabinet du Premier ministre et qu'il n'en avait été informé qu'après coup.
Des migrants expulsés des États-Unis vers plusieurs pays africains
Le président américain Donald Trump a conclu des accords controversés avec plusieurs États africains pour accueillir des migrants que Washington juge inéligibles au séjour aux États-Unis.
La Guinée équatoriale a également reçu 7,5 millions de dollars de l'administration Trump pour accueillir des ressortissants étrangers expulsés des États-Unis, selon la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen. Le Soudan du Sud, le Ghana, le Rwanda et l'Ouganda ont tous conclu des accords pour accueillir un certain nombre de personnes expulsées.
En juillet, le Département américain de la Sécurité intérieure a expulsé vers l'Eswatini, dernière monarchie absolue d'Afrique, cinq hommes originaires du Vietnam, de Jamaïque, du Laos, de Cuba et du Yémen, tous condamnés pour des crimes allant du viol d'enfants au meurtre. Dix autres personnes auraient été déportées dans ce même pays le mois dernier, alors même que le gouvernement de l’Eswatini fait l’objet d’une action en justice intentée par des avocats spécialisés dans les droits humains, qui estiment que cet accord « secret » est inconstitutionnel.
Selon l'équipe juridique des migrants, à l'exception d'un homme qui a depuis été rapatrié en Jamaïque, nombre d'entre eux restent enfermés sans inculpation et sans possibilité régulière de disposer d’un avocat.
Le gouvernement de l'Afrique du Sud, pays frontalier de l’Eswatini, a également critiqué cet accord, avertissant que les personnes expulsées, qualifiées de « criminels barbares » par les autorités américaines, pourraient facilement franchir la frontière poreuse entre les deux pays pour entrer en Afrique du Sud.