RDC – Rwanda : depuis Bruxelles, Tshisekedi appelle à la «paix des braves»
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Le président congolais Félix Tshisekedi a lancé un appel solennel à son homologue rwandais, Paul Kagame, pour mettre fin au conflit entre leurs deux pays et œuvrer à la paix et au développement dans la région des Grands Lacs. Une intervention qui a suscité les foudres de la diplomatie rwandaise.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a lancé un appel solennel, lors du Global Gateway Forum, organisé par l’Union européenne ce 9 octobre à Bruxelles, à son homologue rwandais, Paul Kagame, pour « faire la paix des braves » et en finir avec l’escalade du conflit qui fait rage dans l’est de la RDC.
La main tendue de Tshisekedi s’est accompagnée d’un rappel des efforts et des accords consentis par les deux pays pour restaurer la paix et la stabilité dans une région riche en ressources naturelles, mais sujette à des troubles meurtriers. Il a invité son homologue rwandais à « embrasser le chemin du dialogue » et à « placer la paix au-dessus des divergences ».
« Je nous avais proposé de travailler ensemble, de rapprocher nos peuples et nos communautés pour leur développement et leur bien-être », a déclaré le président congolais, ajoutant : « Nous sommes les deux seuls capables d’arrêter cette escalade. » Il a affirmé n’avoir jamais fait preuve d’une attitude belliqueuse envers le Rwanda, l’Ouganda ou tout autre pays voisin.
« Les deux seuls capables d’arrêter cette escalade »
« Nous vivons cette situation et nous sommes les deux seuls capables d’arrêter cette escalade », a souligné Tshisekedi, tout en prenant à témoin le président angolais João Lourenço, qui avait assumé le rôle de médiateur dans le processus de Luanda et qui est actuellement le président de l’Union africaine.
Évoquant les pourparlers organisés sous médiation angolaise, le chef de l’État congolais a déploré l’échec d’un accord qui avait failli aboutir. « Nous étions à 98 % de recouvrer une paix durable, mais vous avez boycotté la cérémonie », a-t-il dit à l’adresse de Kagame, avant de l’exhorter à relancer le dialogue.
« Il n’est pas trop tard pour bien faire », a ajouté Tshisekedi, demandant publiquement au président rwandais de donner l’ordre « aux troupes du M23, qui sont soutenues par votre pays, d’arrêter cette escalade qui a fait suffisamment de morts ». En conclusion de son intervention, il a appelé les dirigeants africains à regarder l’avenir avec courage et lucidité, en affirmant : « L’Afrique a besoin de passer à autre chose. Prenons le courage de nous regarder en face, de dire ce qui ne va pas et de prendre les bonnes décisions pour nos populations. »
La diplomatie rwandaise dénonce un « cinéma politique »
La diplomatie rwandaise n’a pas tardé à réagir. Olivier Nduhungirehe, ministre des Affaires étrangères, a pointé « un cinéma politique, avec des mensonges et un cynisme inacceptables au niveau d’un chef d’État », et accusé Félix Tshisekedi d’avoir « détourné un forum de coopération pour en faire une tribune d’accusation » et d’avoir « profité de cette tribune pour parler de la crise congolaise et adresser un discours agressif destiné à son opinion publique interne ».
Le chef de la diplomatie rwandaise a estimé que la question de la RDC « est déjà examinée dans d’autres cadres, à Washington et à Doha », et que le forum européen n’était « ni le lieu ni le moment » pour en parler. « Le président Tshisekedi ne peut pas venir à Bruxelles, la main sur le cœur, faire semblant de tendre la main au président Kagame alors que c’est lui qui viole les accords existants », a-t-il conclu.
