Migration : l’UE débloque 58 milliards pour l’Afrique, la Grèce instaure la prison pour les demandeurs d’asile déboutés

Migration : l’UE débloque 58 milliards pour l’Afrique, la Grèce instaure la prison pour les demandeurs d’asile déboutés Source: Gettyimages.ru
Le drapeau de l'UE sur la façade extérieure du bâtiment Berlaymont à Bruxelles, le 28 juillet 2025
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Dans le cadre de sa stratégie de contrôle migratoire, l’Union européenne prévoit un financement record de 58,4 milliards d'euros pour l’Afrique entre 2028 et 2034. En parallèle, la Grèce durcit drastiquement sa politique migratoire avec une nouvelle loi prévoyant des peines de prison pour les demandeurs d’asile déboutés.

L’Union européenne a récemment annoncé un projet de financement extérieur sans précédent de 200,3 milliards d’euros pour la période 2028–2034. Sur ce montant, 58,4 milliards d’euros sont alloués à l’Afrique, ce qui en fait le principal bénéficiaire du budget. Cette enveloppe sera gérée par le nouvel instrument financier « Global Europe », conçu pour regrouper les outils de la politique extérieure de l’UE.

Ce programme vise officiellement à promouvoir le développement durable, la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé, la réduction de la pauvreté et la stabilité sur le continent. Toutefois, Bruxelles établit un lien direct entre ces investissements et la gestion des flux migratoires vers l’Europe. La Commission européenne précise que les fonds serviront aussi à « lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière, des déplacements forcés et de l’instabilité ».

L’Afrique tout entière est concernée, du Maghreb à l’Afrique subsaharienne, y compris des pays comme le Nigeria, le Kenya, la Tunisie, la Libye ou encore le Sénégal. L’objectif est aussi de renforcer les « intérêts stratégiques de l’UE » en Afrique, notamment via le soutien à des infrastructures comme le transport, l’énergie et le numérique. Une réserve de 20 milliards d’euros est prévue pour répondre aux crises imprévues.

Mais ce recentrage soulève des critiques. Des organisations comme le EU-Ireland Policy Network (EIPN) déplorent une dérive des objectifs de développement local vers la sécurité et la gestion migratoire. Elles dénoncent un risque de voir l’aide humanitaire devenir un outil politique, au détriment des populations vulnérables.

En Grèce, les sans-papiers désormais passibles de prison

Dans ce contexte européen de contrôle migratoire accru, la Grèce vient d'adopter une loi particulièrement répressive. Le 3 septembre, le Parlement grec a validé un texte prévoyant des « retours forcés » pour les demandeurs d’asile déboutés et criminalisant le séjour irrégulier. Désormais, tout migrant sans papiers risque entre deux et cinq ans de prison.

Soutenue par la majorité conservatrice du parti Nouvelle Démocratie, par des députés d’extrême droite et par le parti nationaliste Niki, la loi a été vivement critiquée. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, des ONG de défense des droits humains et même le syndicat des juges administratifs grecs s’y sont opposés. Le ministre des Migrations, Thanos Plevris, connu pour ses positions anti-immigration, a justifié ces mesures comme « dissuasives », déclarant : « L’immigrant illégal doit savoir qu’il sera placé en détention administrative et sous surveillance. »

Les demandeurs déboutés seront passibles d’amendes, de détention pouvant aller jusqu’à 24 mois, du port de bracelets électroniques et d’un bannissement du territoire pouvant durer dix ans. Toute possibilité de régularisation après un long séjour est supprimée.

Une politique migratoire européenne de plus en plus répressive

Cette loi arrive deux mois après une autre décision tout aussi controversée : la suspension par la Grèce de l’examen des demandes d’asile pendant trois mois pour les migrants venant d’Afrique du Nord, après l’arrivée massive de plus de 2 000 personnes sur les îles grecques comme la Crète. Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis assume pleinement cette ligne dure, même si elle va à l’encontre des besoins démographiques du pays. La Grèce fait face à une crise de natalité et a déjà fermé plus de 750 écoles faute d’élèves.

Malgré cette réalité, les autorités grecques maintiennent une posture de fermeté. Le message adressé aux migrants est clair : « Soit vous allez en prison, soit vous retournez dans votre pays. »

Alors que l’Union européenne consacre des milliards pour contenir la migration à sa source en Afrique, certains de ses États membres optent pour des approches de plus en plus coercitives sur leur propre territoire. L’exemple grec pourrait bien en inspirer d’autres, dans un climat où l’UE semble davantage préoccupée par la dissuasion migratoire que par le respect des droits humains.

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