Est de la RDC : le cessez-le-feu vacille sur fond d’accusations croisées

L’armée congolaise et les rebelles de l’AFC/M23 s’accusent de massacres et de violations des accords de Washington et de Doha, compromettant les espoirs de paix dans l’est du pays.
En plus des hostilités qui se poursuivent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la guerre des communiqués fait rage entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles de l’AFC/M23. Les deux belligérants rejettent les rapports des organisations onusiennes qui les mettent en cause et s’accusent mutuellement de violations. Cette situation met en péril l’accord de cessez-le-feu, signé sous l’égide des États-Unis, qui se trouve de plus en plus fragilisé, ainsi que la déclaration de principe dont les négociations devaient avoir lieu à Doha, au Qatar.
Dans son communiqué du 12 août, l’armée congolaise a accusé l’AFC/M23 d’avoir mené plusieurs attaques dans l’est de la RDC, en violation des accords signés à Washington et à Doha, et s’est réservée le droit de répondre aux provocations. Le porte-parole de l’état-major, le général-major Ekenge Bomusa Efomi, a accusé les rebelles de mener des attaques répétées contre ses positions au Nord-Kivu et au Sud-Kivu et de perpétrer des « massacres ciblés de civils congolais », dénonçant une « violation intentionnelle » de l’accord de paix de Washington et de la déclaration de principes de Doha.
De leur côté, les rebelles ont accusé l’armée congolaise, le 11 août dernier, de mobiliser des troupes, violant les termes de la déclaration de principes signée à Doha le 19 juillet.
Les pourparlers de Doha au point mort
L’AFC/M23 avait réfuté, le 8 août, les rapports du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), accusant les rebelles d’avoir tué 169 à 319 civils entre le 9 et le 21 juillet dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Le groupe armé a dénoncé des allégations « contradictoires » et « dénuées de preuves », ainsi qu’une « méthodologie défaillante » reposant sur des témoignages « non corroborés » issus de sources « compromises », comme ceux des Wazalendo et des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), alliés à l’armée congolaise. Les rebelles accusent aussi les organismes onusiens de relayer « des informations sans vérification préalable », passant sous silence « les crimes commis par le régime de Kinshasa », comme les massacres de civils Banyamulenge et Hera et les bombardements de zones habitées.
Dans ce contexte tendu, les pourparlers de paix, qui auraient dû reprendre la semaine dernière à Doha, ont été reportés. Les deux parties au conflit s’étaient pourtant engagées à réengager le dialogue le 8 août pour parvenir à un accord final vers le 18 août. Or, pour l’heure, aucune délégation, ni du gouvernement congolais, ni de l’AFC/M23 ne s’est encore rendue à Doha. Cité par l’agence britannique Reuters, un chef rebelle a déclaré, sous couvert d’anonymat, que le groupe ne se rendrait pas à Doha « tant que Kinshasa ne commencera pas à respecter la déclaration de principes, qui prévoit la libération de nos membres détenus ».
Les rebelles de l’AFC/M23 ont pris le contrôle, en janvier dernier, de Goma, la plus grande ville de l’est du Congo, lors d’une offensive éclair qui leur a permis de contrôler un vaste territoire, riche en or, en cobalt, en tantale, en cuivre et en lithium. Le Rwanda, qui nie les accusations de la RDC de soutenir les rebelles, affirme que ses troupes agissent en état de légitime défense contre l’armée congolaise et les miliciens hutus liés au génocide rwandais de 1994.