RDC : le président Félix Tshisekedi accepte l’appel au dialogue direct de l’opposant Martin Fayulu

En pleine tourmente sécuritaire en République démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu avait appelé au dialogue national avec son rival politique, le président Félix Tshisekedi, qui s’est empressé d’accepter la proposition. Une première depuis le début de la crise.

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a accepté la main tendue de Martin Fayulu, se disant prêt à un dialogue direct avec son opposant politique.

« Le président de la République salue le patriotisme et le sens d'engagement pour la cohésion nationale affichés par M. Martin Fayulu et affirme sa disponibilité à le rencontrer pour sauver la république de la prédation qui menace nos institutions et notre intégrité territoriale », a écrit Tina Salama, porte-parole du président congolais, dans une publication sur X datant du 2 juin.

Un discours pour interpeller les acteurs clé du paysage politique congolais

L’opposant et président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECiDé), Martin Fayulu, a alerté dans un discours diffusé au matin du 2 juin sur les réseaux sociaux, contre la situation actuelle du pays, qui dénote d’une « crise existentielle » et qui fait planer « risque imminent de balkanisation » de la RDC. Il s'est adressé directement aux trois ténors du paysage politique congolais, à savoir, Corneille Nangaa (coordinateur de la coalition politico-militaire nommée Alliance fleuve Congo, AFC), Joseph Kabila (ancien président de la RDC et actuel sénateur) et le président du pays Félix Tshisekedi.

Dans son allocution, Martin Fayulu a exhorté Corneille Nangaa à « cesser de livrer notre sol, nos vies et nos ressources aux forces étrangères », l’accusant de complicité dans les massacres perpétrés dans l’est de la RDC.

S’adressant à l’ancien président Joseph Kabila, qui se trouve actuellement à Goma, une ville contrôlée actuellement par les rebelles de l’AFC/M23, l’opposant congolais a déclaré : « Monsieur Kabila, aucune raison, même stratégique, ne saurait justifier une collaboration avec ceux qui déchirent notre pays ». Invitant Kabila à quitter Goma, « cette ville martyre », il lui a rappelé que « l’histoire ne pardonne pas les trahisons, encore moins celles à la patrie ».

En termes solennels, Martin Fayulu s’est adressé à Félix Tshisekedi. « Monsieur Tshisekedi, vous avez le devoir de ne pas laisser notre génération être celle qui aura vu le Congo se désintégrer. J’en appelle à un sursaut d’honneur et de responsabilité. Je veux vous voir pour une discussion directe, sans faux-semblants, afin de trouver une issue digne à cette crise existentielle », a-t-il déclaré.

Un appel qui a été rapidement salué par le président Tshisekedi pour son patriotisme et son sens de l’engagement pour la cohésion sociale.

Un dialogue inclusif face aux menaces sécuritaires

Les partis politiques d’opposition, l’Église catholique, l’Église protestante et la société civile réclament depuis plusieurs mois un dialogue national inclusif en RDC autour d’un pacte de refondation, face aux menaces sécuritaires dans l’est du pays, à la crise socio-économique et au blocage politique.

La rencontre entre Tshisekedi et Fayulu, si elle a lieu, pourrait engager une nouvelle perspective au paysage politique congolais marqué par l’hostilité, la méfiance et la contestation de la légitimité présidentielle. La question maintenant est de savoir si ce dialogue inclusif, une fois concrétisé, donnera lieu à un processus politique élargi.