Port-Soudan sous les drones : une escalade aux conséquences humanitaires majeures
Source: www.globallookpress.com
Pour la sixième journée consécutive, Port-Soudan, bastion de l’État soudanais et ultime citadelle des agences de l'ONU, a été ciblé par des frappes de drones attribuées aux Forces de soutien rapide. Cette nouvelle phase du conflit fragilise davantage les voies d’approvisionnement humanitaire dans l’est du pays.
Port-Soudan, longtemps restée à l’écart des combats qui ravagent le Soudan depuis avril 2023, est désormais au cœur du conflit. Le ciblage répété de ses infrastructures vitales – base navale, aéroport, port commercial, dépôts de carburant, station électrique – marque une rupture : les Forces de soutien rapide (FSR), autrefois cantonnées à l’ouest et au centre, démontrent une capacité de projection sur l’est du pays, traditionnellement sous contrôle de l’armée régulière.
Selon plusieurs agences de l'ONU, ce basculement militaire a des implications lourdes : Port-Soudan est non seulement un centre administratif de repli pour le gouvernement, mais aussi un nœud logistique pour l’aide internationale. L’acheminement de denrées, de médicaments et de carburant y transite massivement. La paralysie de ces infrastructures accroît la vulnérabilité d’un pays où plus de plusieurs millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.
Le recours aux drones marque un glissement technologique dans la stratégie des FSR, qui semble s’inspirer d'autres conflits contemporains (Ukraine, Gaza, Yémen, etc…) où ces armes bon marché et mobiles ont marqué la physionomie des combats. L’armée soudanaise, de son côté, tente de sécuriser Port-Soudan en renforçant les défenses antiaériennes, mais semble peiner à contenir les frappes, selon des rapports de presse.
L’ONU tire la sonnette d’alarme
Depuis que Khartoum est tombée aux mains des paramilitaires, Port-Soudan fait office de capitale de substitution. Plusieurs agences de l'ONU et missions diplomatiques y ont transféré leurs opérations. Son instabilité pourrait donc précipiter une phase de chaos total, où ni autorité centrale, ni corridors humanitaires, ni espace sûr ne seraient garantis.
Face aux frappes répétées sur Port-Soudan, le Secrétaire général des Nations unies s’est déclaré « vivement préoccupé » par ce qu’il qualifie d’« escalade majeure » du conflit opposant les deux camps rivaux. Dans un communiqué publié le 7 mai, son porte-parole Stéphane Dujarric a mis en garde contre le risque accru de pertes civiles et de destructions d’infrastructures cruciales. Il a souligné que ces attaques visaient le principal point d’entrée de l’aide humanitaire dans le pays, aggravant une crise déjà dramatique pour des millions de Soudanais.
Antonio Guterres s’est également dit alarmé par l’extension des combats à Port-Soudan, jusqu’ici considéré comme une zone de refuge pour des déplacés fuyant Khartoum et d’autres régions. Il déplore l’absence de volonté politique des parties à renouer le dialogue et appelle les belligérants à s’engager sérieusement dans les mécanismes de médiation existants. L’ONU, rappelle-t-il, reste pleinement mobilisée pour favoriser une sortie politique à la crise.
