Visa Schengen : des parlementaires marocains réclament une politique de réciprocité avec l'Europe

Face à l'inégalité de traitement dont sont victimes les citoyens marocains dans le cadre de l'obtention des visas Schengen, plusieurs parlementaires marocains ont proposé d'instaurer une politique de réciprocité. Cette réclamation vise à rétablir l'équité en matière d'accès aux visas entre le Maroc et les pays européens.
Les citoyens marocains font régulièrement face à des traitements inégaux de la part des pays européens en matière de délivrance de visas Schengen, suscitant une préoccupation au sein de la société et des autorités marocaines.
En réponse à cette situation perçue comme injuste, des parlementaires marocains ont appelé à imposer un visa aux citoyens européens en réponse aux restrictions des pays de l'UE.
Khaled Al-Satti et Lobna Alaoui, membres de l'Union nationale des travailleurs du Maroc à la Chambre des conseillers, ont demandé au ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, lors d'une séance plénière au Parlement, d'établir un principe de réciprocité en matière de mobilité, rappelant que les pays européens obtiennent des revenus considérables grâce aux taxes appliquées aux Marocains, tandis que ces derniers peuvent entrer librement au Royaume sans aucune restriction.
«A l’heure où de nombreux pays européens réalisent d’importants revenus grâce aux visas imposés aux Marocains, le Royaume permet aux citoyens de ces pays d’entrer au Royaume sans visa», a rapporté le média marocain Atalayar, citant les déclarations des deux députés.
Schengen : un visa de plus en plus difficile à obtenir
Cette demande intervient dans un contexte où les Marocains trouvent des difficultés à obtenir des visas Schengen, révélant par conséquent un traitement discriminatoire des dossiers, selon des responsables marocains.
D’après le média marocain qui cite la Coalition marocaine des organisations des droits de l'homme, «les consulats européens continuent de rendre impossible l’attribution des visas, sans permettre de recours ni de remboursement des frais pour les demandes refusées».
Cette situation a particulièrement affecté les jeunes étudiants, les personnes nécessitant des soins médicaux et les familles désireuses de voyager pour leurs loisirs. De plus, l'implication d'entreprises privées a alourdi le coût du processus et rendu l'accès aux rendez-vous encore plus difficile, a indiqué Atalayar citant la Coalition.
Des données récentes de Schengen News ont fait état du refus de 136 367 demandes de visa soumises par des citoyens marocains, en date de 2023, pour un coût total de 118 millions de dirhams (environ 11 millions d'euros).
Schengen News a également précisé que près de la moitié des demandes traitées par les ambassades et consulats d'Espagne et de France au Maroc avaient été rejetées, engendrant un impact économique, particulièrement après l'augmentation du tarif du visa Schengen, passé de 80 à 90 euros en juin dernier.
Évoquant l’impératif de rembourser les frais aux demandeurs de visa, dont la demande est rejetée, la députée Hanane Atrkine, du Parti de l'authenticité et de la modernité, a souligné que le processus actuel imposait une lourde charge financière et psychologique à de nombreux Marocains.
En 2024, l’UE a fait part de son intention de faciliter le recrutement de demandeurs d'emplois originaires de pays tiers, et ce, suite à une proposition présentée par la Commission européenne le 15 novembre 2023. Incluse dans une série de mesures de l'Union européenne relatives aux compétences et aux talents, la proposition en question vise à attirer davantage de travailleurs en provenance de pays tiers et à faciliter leur mobilité à travers l'Europe.
Le nombre de demandes de visa Schengen enregistre, chaque année, une augmentation considérable, auprès des consulats d'Espagne et de France au Maroc. Rien qu'au cours de la dernière période, l'Espagne a traité 84 499 demandes, tandis que la France en a reçu 58 310, d'après le site Schengen News.
Cette forte demande souligne l'importance de ces destinations pour les Marocains, malgré les difficultés rencontrées lors de l'obtention des visas.