Crise diplomatique : la France veut mettre fin à l'accord de 1968 sur l'immigration algérienne

Crise diplomatique : la France veut mettre fin à l'accord de 1968 sur l'immigration algérienne© Radio Nova
Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau (photo d’archives)
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En pleine crise diplomatique entre Paris et Alger, le ministre français de l’Intérieur a appelé le 19 janvier à mettre fin à l'accord de 1968 sur l'immigration algérienne. Énième épisode de tensions, notamment après l’expulsion ratée d’un influenceur algérien par la France et l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie.

Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a remis en cause, dans des déclarations à la presse le 19 janvier, l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens.

«Cet accord est daté et a déformé l'immigration algérienne. Il n'a pas lieu d'être. Il faut le remettre sur la table», a-t-il jugé dénonçant «l'agressivité» d'Alger vis-à-vis de Paris, en pleine crise diplomatique entre les deux pays, provoquée en juillet 2024 par la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Signé le 27 décembre 1968, cet accord confère un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi, facilitant notamment leur entrée en France sans avoir besoin d'un visa de long séjour.

Le texte avait remplacé les accords d'Évian signés le 18 mars 1962 et qui étaient le résultat de négociations pour mettre fin à la guerre d’indépendance d'Algérie. Ces accords, qui accordaient à tout Algérien muni d’une carte d’identité la libre-circulation en France, visaient à l’origine à permettre aux Français originaires d’Algérie de rentrer librement en France.

En octobre 2024, Bruno Retailleau avait déjà demandé à renégocier l’accord de 1968 avec l’Algérie, se disant ensuite favorable à son abrogation en novembre, au vu de la dégradation des relations entre l'Algérie et la France.

«Coquille vide»

En réaction, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié cet accord de «coquille vide», rappelant qu’il avait déjà été révisé en 1985, puis en 1995 et en 2001, plusieurs dispositions ayant été abrogées. Selon Tebboune, l’accord était devenu par conséquent un simple «slogan politique» brandi par les «extrémistes».

Ce nouvel épisode de tensions intervient alors que l’affaire de l’expulsion ratée de l’influenceur Doualemn a récemment attisé l’inimité entre les deux pays, exacerbée par des accusations d'«escalade», de «surenchère» et d'«humiliation» émises par Paris, tandis qu’Alger a dénoncé une «campagne de désinformation et de mystification» à son encontre de la part d'une «extrême droite revancharde et haineuse» et de «ses représentants» au sein du gouvernement français.

Cette expulsion ratée intervient elle-même dans un contexte diplomatique particulièrement tendu marqué par l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie et l’interpellation de plusieurs influenceurs algériens en France, sur fond de joutes verbales entre hauts dirigeants et d’accusations réciproques récurrentes.

Le Sahara occidental à l’origine de la crise

À l’origine de la crise diplomatique entre Alger et Paris : la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental le 30 juillet dernier, suivie par la décision de l’Algérie de retirer «avec effet immédiat» son ambassadeur en France. À l'automne, le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune, réélu en septembre, a catégoriquement rejeté l’idée d’une visite en France, plusieurs fois reportée auparavant sur fond de relations houleuses récurrentes entre les deux pays.

Alors qu’Alger avait rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021, Paris a réenclenché en février 2024 un processus de rapprochement avec le royaume nord-africain, couronné fin octobre par la visite d’État d'Emmanuel Macron au Maroc, au risque de voir se détériorer davantage les relations avec l’Algérie qui sont au plus bas depuis des années. La discorde s'articule autour de plusieurs thèmes, dont l'héritage de la colonisation française (1830-1962) qui pèse encore très lourd dans les rapports entre les deux pays.

Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré comme un «territoire non autonome» par l’ONU en l’absence de règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit armé y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie voisine. Rabat prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que l’Algérie et le Polisario réclament un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.

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