Émeutes post-électorales au Mozambique : le HCR «profondément alarmé»
La rue mozambicaine est en ébullition depuis les résultats des élections du 9 octobre qui ont reconduit à la présidence le Frelimo, au pouvoir depuis l'indépendance. La crise a déjà provoqué le départ d’au moins 3 000 Mozambicains dans les pays voisins, selon l’agence onusienne pour les réfugiés, le HCR, qui a fait part de son inquiétude.
Les troubles post-électoraux au Mozambique ont forcé au moins 3 000 personnes à fuir leur foyer durant la dernière semaine de décembre, a alerté le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’agence onusienne a précisé, dans un rapport publié le 31 décembre, que 2 000 personnes avaient traversé la frontière, durant cette période, vers le Malawi voisin, tandis que 1 000 autres personnes étaient arrivées en Eswatini.
«Nous sommes profondément alarmés par la situation actuelle au Mozambique, où l’escalade de la violence a forcé des milliers de personnes à fuir», a déclaré Chansa Kapaya, directrice régionale du HCR pour l’Afrique australe. Le Mozambique est secoué, depuis près de deux mois, par de violentes émeutes consécutives aux résultats des élections du 9 octobre qui ont déclaré la victoire du Frelimo, parti au pouvoir depuis l'indépendance.
Selon l’ONG locale Plataforma Decide, les émeutes post-électorales ont fait au moins 252 morts à la date du 26 décembre, dont au moins 125 morts rien que durant la période allant du 23 au 26 décembre, soit les trois jours successifs à la confirmation de la réélection de Daniel Chapo par le Conseil constitutionnel, le 23 décembre.
Le 7 novembre, le gouvernement mozambicain a déployé des forces militaires pour réprimer les manifestations, notamment à Maputo, capitale du pays. Le 19 novembre, le chef de l'opposition Venancio Mondlane a été accusé d'avoir fomenté un coup d'État. Début décembre, des manifestants ont incendié deux bâtiments gouvernementaux.
Situation «critique» au Malawi et en Eswatini
Cités par le HCR, plusieurs personnes qui ont fui vers le Malawi ont déclaré avoir échappé aux attaques et aux pillages dans leurs villages pendant les émeutes. En Eswatini, de nombreux nouveaux arrivants déclarent avoir perdu leurs commerces et entreprises en raison des violences. «Les réfugiés et les civils sont confrontés à d’immenses risques, perdent leurs moyens de subsistance et dépendent de l’aide humanitaire», affirme Chanza Kapaya.
Selon le HCR, la situation au Malawi et en Eswatini devient «critique», le nombre croissant de réfugiés et de demandeurs d’asile mettant à rude épreuve des ressources déjà très limitées. «Bien que nous soyons reconnaissants de la générosité du Malawi et de l’Eswatini, un soutien immédiat est crucial pour faire face à l’aggravation de la crise et prévenir de nouvelles souffrances», a-t-elle notamment averti.
Les manifestations au Mozambique ont commencé après le scrutin du 9 octobre, lorsque la commission électorale a déclaré la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo. Les candidats de l'opposition, les groupes de la société civile et les observateurs ont déclaré que ces élections étaient «frauduleuses». Bien que Daniel Chapo ait remporté 65% des voix, l’opposition continue de réclamer une «justice électorale», qualifiant l’élection de «volée».