Mali : la diffusion de TV5 Monde suspendue pour «manque d’équilibre et de neutralité»
La diffusion de la chaîne française TV5 Monde a été suspendue pour trois mois au Mali, pour avoir «manqué d’équilibre et de neutralité» dans le traitement de l’information. D’autres médias français avaient été rappelés à l’ordre auparavant pour les mêmes raisons.
La Haute Autorité de communication (HAC) au Mali a annoncé le 11 septembre avoir décidé de suspendre la diffusion de la chaîne publique française TV5 Monde sur l’ensemble du territoire du pays pour une durée de trois mois, rapportent des médias locaux. Cette mesure repose, selon la HAC, sur des «violations» constatées dans un reportage diffusé le 26 août dernier dans le journal Afrique de la chaîne, qui faisait état de la «mort de 15 civils dans des raids de drone à Tinzaouatène».
Dans son communiqué, la HAC a expliqué que le reportage en question avait manqué d’«équilibre» et de «neutralité» dans son traitement de l’information. La Haute Autorité reproche à la chaîne de n’avoir relayé que les points de vue de ses «sources», qu’elle qualifiait de «concordantes», sans tenir compte de la version officielle des forces armées maliennes, communiquée par la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA).
«De ce fait, [la chaîne] a manqué de précautions d'usage et de réserve habituelle du journaliste qui consistent à employer le conditionnel pour des faits qu'il rend public sans vérification», a reproché la HAC.
Le 15 mai 2023, des manquements similaires avaient été reprochés à TV5 Monde, qui avait reçu un avertissement de la HAC pour avoir diffusé une analyse de son rédacteur en chef Afrique «péremptoire, réquisitoire malveillant et jugement sans appel contre le Mali, son armée et ses autorités».
Dérives récurrentes
Dans un autre contexte, la chaîne francophone internationale, payée en partie par le contribuable français, avait été au centre d’une polémique, en novembre 2023, en réprimandant dans un communiqué son journaliste Mohamed Kaci.
La direction de l'information de chaîne avait estimé que «les règles journalistiques, applicables à toute interview», n’avaient pas été «respectées» suite à l'interview du porte-parole de l'armée israélienne, Olivier Rafowicz, sur la prise en compte de l'aide humanitaire après le raid sur l'hôpital al-Shifa dans l'enclave gazaouie. Interview qui avait donné lieu à un échange musclé entre les deux hommes.
Le journaliste avait été l’objet d’une vague de soutien, notamment de la part de ses confrères, plusieurs voix estimant qu’il était légitime de poser des questions «difficiles et dures» à des intervenants. Sur les réseaux sociaux, nombre de commentateurs avaient reproché à la chaîne française de manquer d’équilibre et de neutralité en diffusant le «seul narratif» israélien dans sa couverture de la guerre à Gaza.
Au Mali, outre TV5 Monde, plusieurs médias français d’États ont été rappelés à l’ordre voire suspendus ces dernières années, pour les mêmes raisons, par les autorités maliennes. Ce fut notamment le cas pour France 24, Radio France internationale (RFI) ou encore France 2.
Les relations entre Bamako et Paris se sont fortement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir en mai 2021 du colonel Assimi Goïta, qui accuse régulièrement la France d’ingérence dans les affaires de son pays.