Les déclarations de Volodymyr Zelensky sur la tenue possible d’élections présidentielles en Ukraine ont suscité une réaction ferme à Moscou. Le conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, a estimé que cette perspective constituait avant tout un prétexte pour obtenir un cessez-le-feu temporaire.
Zelensky avait indiqué la veille que les autorités de Kiev pourraient « essayer » d’organiser des élections, à condition de disposer d'un « volet sécurité » qu’il juge « indispensable », affirmant que les États-Unis étaient les mieux placés pour les fournir. « S’il est réellement nécessaire de tenir des élections maintenant, un cessez-le-feu est indispensable, au moins pendant le processus électoral », a-t-il déclaré.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a dénoncé un « nouveau niveau de cynisme ». « Je ne me souviens d’aucune autre nation qui ait exigé d’États tiers qu’ils garantissent l’organisation d’élections sur leur sol, sans reconnaître avoir perdu leur souveraineté », a-t-elle souligné.
Le Donbass appartient à la Russie
Iouri Ouchakov a également rejeté l’idée avancée par Zelensky d’un référendum sur le Donbass, rappelant que, selon la Constitution russe, la région fait partie intégrante de la Russie depuis les référendums de 2022. Selon lui, toute discussion sur un cessez-le-feu ne pourrait intervenir qu’après le retrait des troupes ukrainiennes.
« Car il est tout à fait possible que des troupes à proprement parler n’y soient pas déployées, ni russes ni ukrainiennes. Mais il y aura la Garde nationale russe, il y aura notre police, il y aura tout ce qu’il faut pour maintenir l’ordre et organiser la vie [sur ces territoires] », a expliqué le conseiller du président russe.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part qualifié les appels de Zelensky à une trêve de « nouvelle tromperie », insistant sur la nécessité d’un règlement durable plutôt que de pauses temporaires.
En Europe, Zelensky tente de faire échouer le processus de paix
À la question de savoir s’il avait l’impression que Zelensky tentait de faire échouer le processus de paix lors de son voyage en Europe, Iouri Ouchakov a répondu par l’affirmative. D’après lui, le chef du régime de Kiev, en collaboration avec des dirigeants européens, a l’intention d’introduire dans le plan américain des propositions jugées « inacceptables » par la Russie.
« Après les pourparlers de travail entre l’Europe et l’Ukraine, nous devrions recevoir un ou plusieurs documents pour voir ce qu’il en est advenu après nos contacts [avec les Américains]. On dit qu’il y aura un brainstorming intense ce week-end, et nous verrons ensuite. Or, nous n’avons pas encore vu la version corrigée des projets américains. Quand nous les aurons vus, il se peut que beaucoup de choses ne nous plaisent pas », a-t-il indiqué.
Trump dénonce des « jeux » dangereux
Dans ce contexte, le président américain Donald Trump a mis en garde contre les « jeux » autour du conflit ukrainien, évoquant le risque d’une escalade majeure. « Ce genre de choses mène à des troisièmes guerres mondiales. Je l’ai récemment dit. J’ai dit que tout le monde continuait à jouer à ce genre de jeux. Vous finirez ainsi par déclencher une troisième guerre mondiale, et nous ne voulons pas que cela se produise », a-t-il déclaré aux journalistes, ajoutant : « En fait, mis à part le président Zelensky, son équipe adore le concept de cet accord. »
Le 10 décembre, Kiev a transmis à Washington une nouvelle version du plan de paix, élaborée avec la participation de dirigeants de l’UE. Volodymyr Zelensky a déclaré que le document comprenait 20 points et continuait d’être révisé, qualifiant la question territoriale de « la plus complexe ». Moscou continue, de son côté, d’exiger le retrait des troupes ukrainiennes du Donbass, que Vladimir Poutine considère comme un territoire historiquement russe et qu'il serait récupéré de toute façon, par des moyens militaires ou autres.