Le Secrétariat de l’UNESCO, dirigé par Audrey Azoulay, a refusé d’accréditer des journalistes russes à la réunion du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) ce 22 octobre, une instance pourtant ouverte par nature selon ses statuts.
La délégation russe auprès de l’UNESCO a dénoncé cette décision comme une atteinte à la liberté d’expression et un exemple de discrimination dirigée contre les représentants médiatiques russes. Dans un communiqué publié sur Telegram, la délégation russe a souligné : «Le Secrétariat de l'UNESCO a refusé l'accréditation et l’admission des journalistes russes, bien que les règles du PIDC précisent que ces réunions sont ouvertes et qu’aucune interdiction de participation ne devrait être appliquée.»
Moscou a interprété ce geste comme une soumission aux pressions de ce qu’elle appelle «l’Occident collectif». Selon le communiqué, cette décision reflète une incohérence dans l’engagement de l’organisation pour la liberté d’expression. La délégation a exigé que le Secrétariat respecte strictement les termes de l’Acte constitutif de l’UNESCO, qui impose à son personnel de maintenir une indépendance totale vis-à-vis des gouvernements.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a vivement critiqué la décision de l’UNESCO. Sur sa chaîne Telegram, elle a ironisé : «Le Secrétariat de l’UNESCO et la directrice générale Audrey Azoulay en action.» Maria Zakharova a qualifié ce refus de symbolique, illustrant une tendance croissante des organisations internationales à marginaliser les médias russes sous prétexte de répondre à des tensions géopolitiques. Elle a dénoncé une atteinte systématique à la neutralité des institutions internationales, qui, selon elle, compromettent leur mission en succombant à des intérêts politiques.
Une session consacrée à la liberté des médias
Lors de cette réunion à Paris, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a présenté un rapport intitulé «Les journalistes en première ligne des crises et des situations d’urgence». Ce document semestriel analyse la sécurité des journalistes et les niveaux d’impunité pour les crimes commis contre eux durant la période 2022-2023.
Selon le rapport, 162 journalistes ont été tués pendant cette période, soit une augmentation de 38% par rapport aux années précédentes. Cependant, Moscou a critiqué le rapport pour avoir omis de mentionner les meurtres de journalistes russes dans le cadre du conflit en Ukraine.
Rinat Aliaoutdinov, ambassadeur de la Russie auprès de l’UNESCO, a déclaré que l’organisation avait été informée de cinq cas spécifiques de journalistes russes tués, mais que seuls deux étaient mentionnés dans le rapport. «Cette omission montre que l’UNESCO n’applique pas ses principes de neutralité lorsqu’il s’agit des médias russes» a ajouté l’ambassadeur.
Un climat de pressions occidentales
Cette exclusion des journalistes russes reflète un contexte plus large de marginalisation des médias russes sur la scène internationale. Depuis l’escalade du conflit en Ukraine, plusieurs institutions et États ont imposé des restrictions aux représentants médiatiques russes. En juin 2023, Vladimir Poutine avait estimé qu’au moins 30 journalistes russes avaient été tués dans l’exercice de leur profession depuis le début des hostilités. Cette affaire met en lumière les défis auxquels sont confrontées les organisations internationales comme l’UNESCO, chargées de promouvoir des principes universels tels que la liberté d’expression.
Moscou considère que de telles décisions contribuent à creuser davantage les fractures géopolitiques existantes. Le Programme international pour le développement de la communication (PIDC) est une initiative clé de l’UNESCO visant à promouvoir un journalisme libre et sécurisé. L’exclusion des journalistes russes, combinée aux accusations de partialité dans le rapport sur la sécurité des médias, soulève des questions sur la capacité de l’UNESCO à maintenir sa neutralité dans un environnement géopolitique polarisé.