Le Bureau du procureur général a proposé au ministère russe de l’Intérieur d’interdire l’entrée sur le territoire russe aux étrangers collaborant avec des ONG jugées indésirables, a rapporté ce 18 juin le journal Izvestia. Le but de cette mesure, relate le quotidien, qui a consulté le document, vise à limiter l’influence étrangère dans le pays.
Pour ce faire, le Bureau du procureur a proposé de compléter l’article 13 du projet de loi «Sur les conditions d’entrée dans la Fédération de Russie et de départ des citoyens étrangers et des apatrides». Ce document, de 400 pages, visant à réformer la réglementation russe en matière de migration, est en cours d’approbation par les différents départements concernés, toujours selon la même source.
Le ministère a notamment suggéré d’interdire l’accès au sol russe à tout individu prônant «un changement violent dans les fondements du système constitutionnel». «Le ministère de l'Intérieur a noté dans sa note explicative que cette approche est nécessaire pour protéger les valeurs importantes du pays», a détaillé Izvestia.
Des milliers de personnes potentiellement concernées
Cent soixante-six ONG étrangères ont pour l’heure été reconnues par la Russie comme indésirables sur son territoire, selon le décompte du ministère russe de la Justice, organisations parmi lesquelles figurent notamment Transparency International, la National Endowment for Democracy (NED) ou encore l'Open Society Foundation créée par le milliardaire américain Georges Soros.
«Imaginez combien de personnes sont là, leur nombre se compte en milliers», a déclaré à Izvestia le premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma, Alexeï Chepa. «Il est évident que leur arrivée dans notre pays n’a pas grand-chose à voir avec le tourisme ou d’autres objectifs amicaux», a-t-il ajouté.
«Il ne s’agit pas d’arrestations, d’interdictions et d’amendes automatiques», a pour sa part souligné, toujours auprès du quotidien russe, le politologue Dmitri Elovsky. «Le pays suggère plutôt que de telles structures ne viennent plus sur son territoire et n'y mènent aucune activité», a-t-il ajouté, rappelant que des mesures soviétiques similaires existaient dans les années 90.
«La principale difficulté réside dans la manière d’identifier ces individus»
«La principale difficulté réside dans la manière d’identifier ces individus», dans la mesure où «la plupart des partisans» d'organisations interdites en Russie ne sont pas des personnalités publiques, a déclaré Kirill Kabanov, membre du Conseil des droits de l'homme de la Fédération de Russie, auprès du quotidien russe.
Le 14 juin, le Bureau du procureur général de Russie avait déclaré indésirables les activités de l’ONG finlandaise International Russian Radio & Television, «ainsi que de ses structures américaines et canadiennes».
«Depuis le début de l'opération militaire spéciale, les structures diffusent de fausses informations sur les actions des forces armées de la Fédération de Russie et soutiennent la campagne d'information anti-russe de l'Occident», a notamment déclaré le Bureau du procureur sur sa chaîne Telegram. «Sur les plateformes internationales, la direction de l'association appelle à soutenir l'Ukraine ; la collecte de fonds pour les formations armées du régime de Kiev est organisée via les ressources internet», avait-il ajouté dans son communiqué.