Les États-Unis «sont même prêts à flirter avec les néonazis», a dénoncé ce 11 juin le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, répondant à une question sur l'attitude du Kremlin face à la décision de l'administration américaine de lever l'interdiction sur les fournitures d'armes et d’entraînement au bataillon Azov.
«Cela confirme une fois de plus la pertinence de nos craintes face à la tendance à la propagation rampante des idées néonazies dans le monde», a-t-il ajouté.
La décision américaine avait été rapportée la veille par le Washington Post. «Après un examen approfondi, la 12e brigade Azov des forces spéciales ukrainiennes a passé avec succès l'examen Leahy effectué par le département d'État américain», a déclaré la diplomatie états-unienne dans un communiqué. Selon le quotidien américain, un porte-parole du département d’État a refusé de révéler quand cette interdiction avait été levée et si des armes américaines avaient déjà été fournies à Azov.
De son côté, l'unité ukrainienne s'est enorgueillie ce 11 juin du «succès» de cette «inspection» du département d’État, sur sa chaîne Telegram.
La loi Leahy interdit aux États-Unis de fournir une assistance militaire à des unités ou forces étrangères ayant commis des violations des droits de l’homme. Concernant Azov, cette interdiction remontait au milieu des années 2010. Les volontaires d’Azov ont notamment été pointés du doigt dès 2016 par Human Rights Watch pour torture et autres «abus», ainsi que par le Haut-Commissariat des Nations unies pour violences sexuelles, dès 2017.
Des parlementaires américains avaient appelé à désigner Azov comme organisation terroriste
Face aux comportements des membres d'Azov, en octobre 2019, une quarantaine de membres du Congrès des États-Unis avaient signé une lettre adressée à Mike Pompeo, alors à la tête du département d'État, afin de classer l'unité comme «organisation terroriste».
Azov, qui a intégré la garde nationale ukrainienne en 2014, a été fondé par un militant d'extrême droite notoire, Andriy Biletsky, et son emblème originel faisait figurer un Soleil noir (symbole mystique nazi) ainsi qu'un «wolfsangel», autre symbole germanique d'origine runique, stylisé de la même façon que celui qui figurait sur l'emblème de la 2e division Waffen SS Das Reich.
Une ressemblance avec la symbolique du Troisième Reich maintes fois soulignée par les médias occidentaux depuis 2014 et le coup d'État du Maïdan, opéré par les formations nationalistes ukrainiennes.
Par exemple, The Guardian soulignait dès septembre 2014 que «nombre» des combattants d’Azov «avaient des opinions politiques inquiétantes». L'article relatait des échanges avec l’un des membres du bataillon, qui «parlait lyriquement d’Adolf Hitler» et déclarait que Vladimir Poutine était «juif». Quelques mois plus tard, en mars 2015, un porte-parole de l'unité se défendait, auprès du quotidien américain USA Today, que «seulement 10 à 20% des membres du groupe étaient des nazis».
Des combattants d'Azov entraînés en France ?
Une unité à l’idéologie sulfureuse qui ne manque pas de soutien au sein de la population ukrainienne. Comme le souligne dans sa publication du 10 juin le Washington Post, «une campagne de recrutement intensive à travers le pays a amené plus de 5 000 nouveaux soldats en deux mois environ» l’année dernière. Il faut dire que l'unité avait été décimée lors de la bataille de Marioupol, au printemps 2022.
Le 22 mai dernier, en France, Mediapart révélait photos à l’appui que «d’authentiques néonazis» avaient reçu un entraînement de l’armée française au camp militaire de La Courtine, dans la Creuze. Une donnée que, selon Mediapart, l'armée française «ne pouvait ignorer», dans la mesure où l’un d’eux «portait le symbole de la SS tatoué sur le visage». Le média français évoque un autre soldat ukrainien qui, sur les réseaux sociaux, «multiplie les saluts hitlériens», un autre qui arbore les emblèmes des divisions SS «Totenkopf» et «Galicie», et encore deux autres qui affichent sur leur t-shirt la Totenkopf («tête de mort»).
Selon Mediapart, ces soldats ukrainiens dépendaient «de la 3e brigade d’assaut, soit l’unité de l’armée ukrainienne héritière du régiment Azov», rappelant au passage que celui-ci tentait de «lisser son image», se défendant de toute référence au nazisme.