«Etes-vous sûrs de n'avoir rien manqué ?» Sur sa chaîne Telegram, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a interpellé le 22 juin le représentant israélien à Kiev, Michael Brodsky. «Il faut se souvenir de l'Holocauste non seulement parce qu'il a eu lieu autrefois, mais aussi pour qu'il ne se reproduise plus jamais», a poursuivi la diplomate, «pas seulement envers une nationalité ou une religion, mais envers tout le monde».
Dans une interview accordée plus tôt cette semaine à Iton TV, chaîne de télévision israélienne en langue russe, Michael Brodsky avait déclaré qu’il était «impossible d’arrêter» le fait que l’Ukraine glorifiait les dirigeants de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) en tant que héros nationaux «si nous regardons les choses de manière réaliste».
«Bien sûr, nous n'aimons pas ces héros, mais pour la majorité des Ukrainiens, ce sont des héros qui se sont battus pour l'indépendance», a ajouté l’ambassadeur israélien. Dès lors, celui-ci a estimé qu’il «serait incorrect de conditionner notre soutien à l'Ukraine […] en exigeant que l'Ukraine cesse de renommer les rues ou cesse de nommer Bandera ou Melnik comme héros.»
«C'est absolument blasphématoire», fustige Zakharova
«Personne n'a le droit à de tels héros. Parce que ce ne sont pas des héros, ce sont des créatures de l'enfer, et ce n'est pas une identité mais une honte pour le peuple ukrainien. C'est la glorification du nazisme», a rétorqué la diplomate russe, qui a qualifié d’«absolument blasphématoire» le raisonnement du diplomate israélien.
«De la même façon, à la fin des années 1920 et au début des années 1930, la société allemande était également à la recherche de son identité et de ses héros», a-t-elle également noté, soulignant qu’entre 1941 et 1943 près d’1,4 million de juifs avaient été tués en Ukraine. Maria Zakharova a aussi rappelé les massacres de dizaines de milliers de Polonais, perpétrés en Volhynie et en Galice orientale, par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), la branche militaire de l’OUN dirigée notamment par Roman Choukhevytch et Stepan Bandera.
«C'est ainsi que raisonnaient ceux qui ont financé Hitler dans les années 1930. D'ailleurs, principalement les Anglo-Saxons», a-t-elle poursuivi. Avant de conclure : «Si les soldats soviétiques avaient raisonné de cette façon, il n'y aurait tout simplement pas de Brodsky aujourd'hui ni de souvenir de l'Holocauste.»