«Ils ne vous diront pas la raison. Mais elle est simple : il s'agit de l’échec de la politique anti-russe de l’administration Biden», a déclaré ce 5 mars la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, sur sa chaîne Telegram, réagissant à l'annonce de la démission de la numéro deux du département d'État américain.
«Victoria Nuland m'a fait savoir qu'elle avait l'intention de démissionner dans les semaines à venir de son poste de sous-secrétaire d'État aux Affaires politiques», avait indiqué plus tôt un communiqué d’Antony Blinken.
Ce «départ à la retraite» mettrait fin à une carrière d’une trentaine d’années au sein du département d’État, marquée par une parenthèse durant la présidence de Donald Trump. Âgée de 62 ans, épouse du politologue néoconservateur Robert Kagan, Victoria Nuland est considérée comme l’un des principaux architectes de la politique anti-russe de Washington, notamment en Ukraine.
Antony Blinken a salué «son leadership en Ukraine, que les diplomates et les étudiants en politique étrangère étudieront dans les années à venir».
«La russophobie, proposée par Victoria Nuland comme principal concept de politique extérieure des États-Unis, entraîne les démocrates au fond comme une pierre au cou», a quant à elle fustigé la porte-parole de la diplomatie russe.
Un inconditionnel soutien du coup d'État de Maïdan
Cheffe de cabinet de Strobe Talbott (1993-1996), secrétaire d’État adjoint sous la présidence de Bill Clinton, elle occupera le poste d’ambassadrice des États-Unis auprès de l’OTAN (2000-2003) avant d’être nommée conseillère pour la politique étrangère (2003 – 2005) du vice-président républicain Dick Cheney.
Secrétaire d'État assistante pour l'Europe et l'Eurasie (2013-2017), Victoria Nuland s’était notamment fait remarquer en se rendant place de l’Indépendance à Kiev, en décembre 2013, durant l’insurrection de Maïdan pour afficher son soutien aux manifestants pro-occidentaux avec l’ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt.
C’est d’ailleurs lors d’une discussion téléphonique avec ce dernier, fuitée en février 2014, qu’elle déclarera «fu** the UE !» [en anglais, manière peu élégante de dire son mépris pour les institutions européennes]. Durant cet échange qui fit scandale, les deux diplomates avaient notamment discuté des personnes à mettre à la tête du nouveau gouvernement ukrainien. Au retour de l’un de ses voyages à Kiev fin 2013, se félicitant de Euromaïdan, Victoria Nuland avait également déclaré au National Press Club que les États-Unis avaient «investi plus de 5 milliards de dollars» depuis 1991 afin d’«assurer une Ukraine sûre, prospère et démocratique».