Russie

«Irresponsable et provocateur» : à Moscou, le discours de Pachinian à Bruxelles ne passe pas

Lors d’un discours devant les eurodéputés le 17 octobre, le Premier ministre arménien a estimé que ses «alliés» traditionnels l’avaient abandonné face à Bakou et s’est dit prêt à se rapprocher de l’Union européenne autant qu’elle «le juge possible».

«Pachinian fait des pas de géant sur le chemin de Zelensky» : tels sont les mots employés ce 18 octobre par une source «haut placée à Moscou» auprès des agences TASS et RIA Novosti. Des propos qui font suite à ceux tenus la veille à Strasbourg par le Premier ministre arménien.

«Nous considérons le discours du Premier ministre arménien Nikol Pachinian au Parlement européen le 17 octobre comme absolument irresponsable et provocateur, notamment à l'égard de la Russie et des relations russo-arméniennes», a déclaré cette source aux deux agences de presse russes.

Si devant les eurodéputés Nikol Pachinian s’est dit prêt «à signer d’ici la fin de cette année un accord sur la paix» ainsi qu’à normaliser ses relations avec l’Azerbaïdjan, il a également réitéré sa charge contre ses partenaires de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Selon lui, ces pays qui «avaient des obligations de sécurité bilatérales» envers l’Arménie «n’ont rien fait pour nous aider» lors de l'escalade à la frontière arméno-azerbaïdjanaise en mai 2021. «Ils nous ont laissés seuls», a insisté le chef de l'exécutif arménien.

Ce dernier a, par ailleurs, déclaré que l’Arménie était «prête à se rapprocher de l'Union européenne, autant que l'Union européenne le juge possible». Le Premier ministre arménien a par ailleurs remercié les eurodéputés d’avoir qualifié d’«épuration ethnique» l’exode des habitants du Haut-Karabagh après la victoire éclair des forces azerbaïdjanaises. Pachinian est également longuement revenu sur les différents formats de discussions multilatéraux, tenus sous la houlette de l’Union européenne, où il avait pourtant, en octobre 2022 puis en mai 2023, tacitement reconnu la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabagh.

Coup de froid sur les relations russo-arméniennes 

Les relations se sont tendues entre Moscou et Erevan à la suite de l’attaque-éclair victorieuse, mi-septembre, des forces azerbaïdjanaises contre l’enclave du Haut-Karabagh, majoritairement peuplée d’Arméniens.

Accusé par son opposition d’avoir abandonné la province, Nikol Pachinian a rejeté la responsabilité de la perte du Karabagh sur la Russie et son contingent de soldats de la paix qui, selon lui, auraient laissé faire Bakou. Aussi a-t-il qualifié d’«inefficace» les alliances de son pays. Des accusations vigoureusement rejetées par la diplomatie russe, qui en retour avait accusé le dirigeant de vouloir «détruire» les relations russo-arméniennes, faisant valoir que le cessez-le-feu avait été facilité par ses troupes de maintien de la paix. 

Le 3 octobre dernier, le Parlement arménien ratifiait le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), juridiction non reconnue par la Russie, ayant émis un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine. La ratification par Erevan a été perçue par le Kremlin comme «extrêmement hostile à la Russie».